vendredi 4 novembre 2011

Comment se faire des amis (ou pas) (2ème partie)

  Jusqu'à présent, Maxime était très satisfait de sa vie. Beaucoup de distractions, de nombreux amis, des loisirs personnels, un travail intéressant qui lui laisse du temps libre, des collègues agréables, le tout dans une belle ville où il se plait beaucoup.

  Pourtant, nous avons senti dimanche que cet équilibre parfait avait commencé à se briser. Une toute petite ombre dans le tableau, un soupçon d'insatisfaction.

- Alors, c'était bien le mariage de ton frère, hier ?

- Oui, enfin les mariages c'est toujours un peu pareil, on a le temps de discuter avec personne, il y a trop de monde, et puis la musique est très forte.

  Tiens, c'est dommage, j'aime bien les mariages. C'est vrai que souvent on s'ennuie si on ne connait personne, mais normalement au mariage de son frère on est sûr de s'amuser. Je change de sujet.

- Et sinon, tu es toujours content à Madrid, tu y as toujours autant d'amis ?

- Oui, mais finalement le plus souvent on ne rencontre pas les autres en profondeur, ça reste beaucoup trop superficiel.

  Avec un peu d'anxiété Monsieur et moi nous demandons intérieurement à quel niveau de profondeur Maxime situe notre amitié. Je ressers l'entrée.

- C'est vrai, mais d'un autre côté c'est agréable de voir des gens, de rencontrer de nouvelles personnes, c'est toujours distrayant.

- Oui, mais à la longue c'est un peu lassant de sortir tous les soirs.

  Comme quoi, personne n'est jamais content. Heureusement le plat a l'air de lui plaire.

- C'est drôle, parce que nous, nous ne sortons plus beaucoup, alors au contraire ça nous fait plaisir quand cela arrive.

- Oui, mais finalement, c'est mieux de vivre comme vous, comme des reclus, c'est plus naturel, c'est plus équilibré.

  Non, j'exagère, en fait il n'a pas dit « reclus ». Il se sert en fromage.

- Et tes conférences au Japon et au Mexique au printemps, c'était intéressant, tu en as profité pour visiter ?

- Oui, mais en fait il faut préparer les conférences, c'est beaucoup de travail, et puis ça prend du temps d'organiser des vacances à l'étranger, déterminer un circuit touristique, réserver ses billets.

  Bon. Peut-être envierait-il nos deux semaines de congés en Normandie, sieste – balade – plage – retour à 19 heures dernier délai. Je découpe le flan à la noix de coco. A défaut, l'exotisme est dans l'assiette.

- Et finalement, tu penses rester longtemps à Madrid ?

- C'est-à-dire que je pourrais partir, mais... pour aller où ?

  Je me demande ce que Maxime aura tiré de tout cela la prochaine fois que nous le reverrons. La rencontre de la femme de sa vie ? Une vocation de moine ? Ou bien la même vie madrilène, toujours agréable mais encore un peu plus vaine à ses yeux ? Il est temps de servir un petit alcool...

3 commentaires:

  1. C'est une suite excellente, et qui développe bien le personnage !

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  2. <a href="http://5 novembre 2011 à 17:21

    C'est une bien triste conclusion, mais ô combien vraie.

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