dimanche 28 avril 2013

Ma maison est la plus originale

Comme moi vous avez peut-être regardé il y a quelques semaines l'émission « Ma maison est la plus originale » qui récompensait des demeures exceptionnelles par leur architecture, leur conception ou leur décoration, comme par exemple une maison qui tourne, un château d'eau transformé en habitation, une maison enterrée, une maison en forme d'anneau, et bien d'autres.

Figurez-vous qu'après avoir visionné les différents épisodes de cette saison, j'ai décidé de me présenter pour l'émission de l'année prochaine.

Ma maison est réellement très originale, et pour cause, puisque je vois en elle plusieurs caractéristiques exceptionnelles que même les maisons surprenantes proposées par l'émission ne présentent pas.      

Pour vous remercier de votre fidélité sur ce blog, je vous offre en avant-première les images de ma demeure (vous en connaissez déjà, il est vrai, le paillasson, la filosophie, ainsi que, de réputation, la lunette de WC), qui concourra l'année prochaine sous l'appellation de :

      « La maison qui vit »

Première originalité, la maison qui vit n'est même pas une maison. Une fois parcourues les parties communes dénuées de tout caractère inédit, les caméras de M6 se trouveront bientôt, le jour du reportage, devant la porte de l'appartement. Au moment où j'ouvrirai la porte on ne peut plus banale, les trois membres du jury de l'émission connaîtront une vision étonnante : le couloir d'entrée entièrement décoré sur le thème de la marche à pied.  

 chaussures

100% authentique, le « fouillis à chaussures »

 

La surprise, de taille, ne doit pas empêcher les visiteurs d'admirer la décoration raffinée de l'étagère, mélange de bibelots d'origines diverses sur fond de livres plus ou moins anciens.       

 légos

 

 bibelot

Éclectisme et sobriété de la décoration

 

Mais les surprises sont encore nombreuses. La maison qui vit regorge de petits détails audacieux et novateurs qui font toute la différence, jusque dans la cuisine et dans les WC.

 bouton de porte

Bouton de porte en anneau de dentition (modèle déposé)

 nounours

Chaleur et douceur dans les moments les plus intimes

 corbeille à fruits

La maison qui vit vous invite à la détente et à la paix intérieure

 

Autre innovation particulièrement esthétique, et qui plus est remarquablement fonctionnelle, puisqu'elle augmente notablement les volumes de rangement (designed by Albane) : 

 placard

Les placards « qui ne ferment pas »


poubelle

La poubelle « qui déborde »
(applicable aussi aux paniers de linge sale)

 

Dans la maison qui vit, la part belle est donnée au textile dans la décoration, pour un effet cosy, chaleureux et humidificateur.

 linge

Élégante et changeante, la « tour aux tentures »

 

Par ailleurs, la maison qui vit est dotée d'un équipement domotique et électronique de pointe, dont les commandes sont très discrètement intégrées au mobilier.

 télécommandes

Une électronique qui sait se faire oublier

 

C'est ce qui permet aux diverses décorations (œuvres de peintres contemporains, objets chinés vintage, sculptures provisoires, luminaires de style) de cohabiter harmonieusement, pour un agréable effet « cabinet de curiosités». 

 tagliatelles fraîches

Éphémère et poétique structure de pâtes fraîches

  grattoir

Sculpture métallique sur fond de robinetterie


lustre

 Ambiance lumineuse soignée et confortable

 

C'est tout cela qui donne à la maison qui vit  son harmonie et sa grâce, sa fantaisie et son style, celui qui fait qu'on s'y sent bien, qu'on s'y plait et qu'on y revient. 

 

Maman

Tic tac... la maison qui vit c'est aussi un cœur qui bat

 

 

Et vous, vos maisons, en quoi sont-elles originales ? 

 

Ma maison est la plus originale de France de retour le 13 f

Je crois que j'ai mes chances...

mercredi 24 avril 2013

Tante Ursule et le calculateur intégré

 


Il faut que je vous parle de Tante Ursule. J'ai déjà évoqué cette personnalité fédératrice qui revient très fréquemment dans nos conversations familiales.

 

Tante Ursule est de ces êtres doués de toutes les qualités, comme vous pouvez l'imaginer, à commencer par une grande modestie et un parfait désintéressement. Tante Ursule a des enfants, mes cousins, qui ont à peu près mon âge, et qui, pour deux d'entre eux, sont mariés et parents de jeunes enfants.

 

Il y a trois ans – c'est hélas la dernière fois que j'ai eu le plaisir de la revoir –, Tante Ursule est venue rendre visite à la famille à l'occasion de son passage dans la région, et avec ma mère, sa sœur, elle est venue prendre un café à la maison.

 

Suite à la naissance de notre troisième enfant nous venions d'emménager dans un appartement plus spacieux. C'est un logement assez récent, agréable et bien agencé, qui ne présente néanmoins aucun caractère exceptionnel ni par sa surface ni par son architecture.

 

Tante Ursule, une fois entrée, jette un regard sur son petit-neveu qu'elle n'avait encore jamais rencontré, ayant cette grande qualité de ne jamais rendre envahissant son amour pourtant très vif pour les enfants. Il faut dire que Tante Ursule est assez myope, et malgré les verres épais qui lui font les yeux tout petits elle peine sans doute à voir clairement les êtres et les choses qui l'entourent.

 

Je pensais que Tante Ursule allait poser délicatement sur le canapé la belle ampleur de son séant esthétiquement comprimé dans un pantalon couleur moutarde, et je m'apprêtais justement à lui proposer une tasse de café, quand j'ai eu la surprise de la voir filer prestement vers le couloir qui dessert les chambres.

 

Tante Ursule s'était lancée bille en tête dans la visite de l'appartement.

 

Elle a commencé par jeter un coup d’œil à la salle de bain, aux WC. Ses pas rapides l'emmènent ensuite sur le palier des différentes chambres. Elle entre dans celles des enfants, en fait le tour, ressort, avise la porte de notre chambre, y pénètre sans hésitation, pendant que je me dis en moi-même que je n'aurais jamais pris la liberté de visiter sans autorisation la chambre conjugale de Tante Ursule et d'Oncle Benoît. Le temps que je me remette de la surprise causée par son départ en trombe vers le fond de l'appartement et son inspection exhaustive des ses moindres recoins, Tante Ursule était déjà repassée au salon, avait investi la cuisine et c'est à ce moment-là que j'ai analysé le phénomène.

 

Depuis le début de la fulgurante tournée d'inspection, les yeux de Tante Ursule, en général un peu éteints, se sont animés d'une vivacité insoupçonnée. Une étrange lueur les habite, ils sont pris d'un mouvement frénétique et rapide, mais qui semble organisé et réfléchi, balayant avec précision les pièces de long en large, du sol au plafond, sur toute leur surface, s'arrêtant sur les détails, un peu comme un lecteur de code barre qui projetterait son rayon laser sur tous les éléments qui composent notre appartement.

 

J'ai compris que Tante Ursule était tout simplement, très efficacement – ce qui prouverait son habitude de la chose – en train d'estimer le standing de notre logement, dans une opération intellectuelle arithmétique que j'imagine de la façon suivante :

 

Hauteur sous plafond

Nombre de pièces

Surface des pièces

Surface totale

 

Compilation des données

 

Type de vitrage

Surface du parquet

Qualité de la moquette

Calcul du coefficient de standing intérieur

Calcul du coefficient de standing des parties communes

 

Compilation des données

 

Garage ?

Balcon ?

Terrasse ?

 

Compilation des données

 

Type de quartier

Distance par rapport au centre-ville

 

Compilation des données

 

Estimation finale du loyer et des charges : ......

 

Quand la frénésie qui animait Tante Ursule est retombée, et que celle-ci s'est assise dans le canapé préalablement intégré à son estimation (Standing de l'ameublement ? Qualité des matériaux ? Budget investi ?...), le regard à nouveau morne et un sourire de façade sur le visage, j'ai compris que le calculateur intégré de Tante Ursule (c'est ainsi que je l'appelle) venait de faire son œuvre et d'estimer avec précision le budget que nous consacrons à notre logement – alors même que, selon ma grand-mère, Tante Ursule n'a jamais été une grande mathématicienne, et qu'elle n'a pas non plus fait carrière dans l'immobilier.

 

J'ai même tendance à imaginer que le calculateur intégré est allé jusqu'à achever ainsi son analyse :

 

Application du ratio loyer / revenus

Compilation des données

Estimation des revenus du ménage : ......

(Avec une option : comparaison avec mes propres revenus et ceux de mes enfants)

Fin du programme

 

Autant vous dire que la visite de Tante Ursule m'a laissé un souvenir ému.

 

 

Vous en connaissez, vous, des individus équipés d'un calculateur intégré du même genre ?

 

 

calculateur Tante Ursule

« Les enfants, venez dire bonjour à Tante Ursule ! »

 


 

dimanche 21 avril 2013

Repas de famille

Je vous ai parlé de ma sœur récemment, enfin de moi, enfin l'une des deux, enfin sans doute des deux à la fois (je confonds un peu). Et puis il y a quelques jours, une lectrice et amie blogueuse, Alphonsine, avec qui nous échangions quelques mails pour faire davantage connaissance, m'a posé la question suivante :

D'où te viens ta verve ?

Remarquez que je conçois très bien son étonnement à lire des textes plus ou moins passionnants, parfois très longs, sur des sujets à peu près vains et souvent insignifiants (lunettes de WC, mode layette, catalogues de Noël, pour ou contre la fin du mondepaillassons, etc).

Je lui dois, et je vous dois, à vous qui prenez la peine de lire ces publications, aussi peu utiles soient elles au perfectionnement de l'Humanité, quelques explications.

Tout a commencé dans ma famille. Vous le savez déjà, j'avais des parents, un frère et une sœur, une golf familiale et des paquets de choco-BN. La golf familiale a dû finir ses jours je ne sais où, les paquets de choco-BN sont vides et sans doute – je l'espère – recyclés, mais une constante reste au fil des années, aussi immuable que l'eau glacée des lacs du Jura ou les falaises des côtes normandes :

dans la famille, nous aimons discuter.

Un blanc dans la conversation ? Impossible. Un coup de téléphone de Tante Ursule suivi de moins de trois quart d'heures d'analyses et de commentaires ? Inimaginable. Une sortie au cinéma sans échange de points de vue argumentés sur le film ? Impensable. Plus de deux semaines depuis le dernier coup de fil de Tante Ursule sans échafaudage de théories explicatives ? Rarissime.

Autant vous dire que lorsque nous sommes tous réunis, par exemple lors d'un déjeuner dominical, nous ne manquons pas de sujets de conversation – quand bien même ce serait le cas, il suffirait de lancer la discussion sur Tante Ursule.

Bien-sûr, si nous partageons certains points de vue, il arrive que nos opinions divergent. Or nous n'avons rien contre un brin de polémique. En général, nos opinions divergent justement le dimanche à midi.

La conversation démarre pourtant paisiblement après un agréable apéritif. Et puis à un moment précis, souvent à la fin de l'entrée, un nouveau thème est abordé. Nul ne sait encore que ce dernier va devenir celui qui déclenchera les joutes verbales à venir, et d'ailleurs nul ne pourrait expliquer par quelle mystérieuse alchimie celui-ci précisément sera élevé au rang de « controverse du jour ».

Cela peut porter sur n'importe quel sujet (Une œuvre littéraire peut-elle être traduite à la perfection ? Tante Ursule a-t-elle toujours été aussi mauvaise ? Batman 3 est-il vraiment un film raté ?... Les enjeux sont souvent colossaux). Dernièrement, la discussion portait sur la question suivante : Les garçons d'Albane se ressemblent-ils comme deux (trois) gouttes d'eau ?

Chacun apporte son éclairage, ses arguments, sa façon de voir. Petit à petit, deux camps se dessinent (la répartition des membres de la famille dans les deux camps en question varie d'une fois sur l'autre) : ceux qui pensent que mes fils se ressemblent mais sont quand-même très différents, et ceux qui pensent que mes fils sont assez différents mais se ressemblent beaucoup – nous avons le sens des nuances.

En général, lorsque le plat principal est servi, nous avons compris que le sujet allait nous occuper jusqu'au dessert. Le ton monte, chacun développe inlassablement ses arguments.

- Non, mais moi par exemple, je les trouve assez différents, mais je remarque que beaucoup de gens me disent « Mais ils sont pareils ! Ce sont des triplés ! ». Je peux avoir de la sauce ?

- N'importe quoi. Ils sont très différents.

- Je suis d'accord, c'est vrai qu'ils se ressemblent. Très bon ton rôti. Parfois même moi je les confonds, cela m'arrive de...

- De là à dire qu'ils sont pareils, les gens sont aveugles ou quoi !

- Tu pourrais arrêter de me couper la parole ? Cela m'arrive de les...

- Non mais de toute façon tu as toujours raison ! Moi je trouve que les deux plus petits se ressemblent, mais le grand moins.

- Eh bien tu vois c'est amusant parce qu'en général on nous dit le contraire.

- Oui, enfin quand on les connait bien on les distingue.

- Je ne dis pas qu'ils soient pareils, tout ce que je dis c'est qu'ils...

Les assiettes se remplissent puis se vident, le vin dans les verres participe à animer les esprits, le débat s'intensifie, chacun parle de plus en plus fort pour couvrir son voisin et convaincre ses contradicteurs, jusqu'à ce que la dernière miette de gâteau soit avalée.

Alors, brutalement, une fois le déjeuner terminé, le calme revient. Nous nous installons au salon où nous buvons une tasse de café, laissant en plan derrière nous la polémique inachevée et la table à moitié débarrassée. La conversation redevient paisible (« - Tu sais, ta robe rouge, j'ai acheté la même en noir. - Ah oui ? Et tes projets de vacances, tu en es où? »), la vivacité des débats passés est déjà oubliée, les camps ennemis sont réconciliés, personne ne se soucie plus de convaincre qui que ce soit, et nous nous laissons tous aller à une douce torpeur digestive parfois même un peu somnolente, à peine troublée par les jeux des enfants autour de nous.

- Tiens, j'ai failli te confondre avec ton frère. Vous vous ressemblez beaucoup !

Mais plus personne ne bronche.

Jusqu'à la prochaine fois.

Et vous, harmonieux ou animés, vos repas de famille ?

 

repas de famille débat

« C'est prêt. On peut passer à table ! »


mardi 16 avril 2013

Girl power

Hier, j'emmenais les enfants dans le petit supermarché situé non loin de chez nous, où nous avons nos habitudes depuis quelques années. Nous y croisons souvent le patron, qui a vu grandir les enfants depuis leur naissance et qui les gâte à l'occasion, ainsi qu'une caissière, Claire, qui y travaille depuis trois ou quatre ans.

Claire doit avoir trente-cinq ans environ. Au début elle s'occupait des fruits et légumes, nous avons noué contact au rayon primeurs. Célibataire, les cheveux courts, la silhouette assez large, revêtue du sweat bleu-roi peu seyant et très peu féminin qui est l'uniforme du magasin, souriante et bavarde, elle s'intéresse gentiment aux enfants lorsqu'ils m'accompagnent et les connait par leurs prénoms.

Depuis quelques mois nous la retrouvons assise derrière sa caisse, où, toujours aimable, elle me demande des nouvelles de toute la famille tandis que je dispose mes articles sur le tapis.

Hier, donc, les enfants m'accompagnaient, et la conversation s'est engagée, assez semblable à ce qu'elle peut être habituellement.

« C'est fou, ils ont tous les trois la même tête ! » me dit-elle des garçons, avant de leur demander leur âge. « Et la petite fille, ça va ? Comme elle grandit ! Cela va si vite. »

Les articles défilent sur le tapis, et du tapis dans mes sacs. Claire m'annonce le total, et tandis que je sors mon portefeuille, elle jette un coup d’œil sur ma fille dans la poussette et murmure d'un air attendri et plein d'espoir, comme une gentille bonne fée se penchant sur un berceau pour prodiguer ses dons les plus précieux :

« Ce sera peut-être un garçon manqué ! » 

Je me suis souvenue qu'elle m'avait confié un jour l'avoir été elle-même, petite, et m'être dit alors que cela n'avait rien de très étonnant étant donné sa présentation et son allure actuelles.

C'est pourquoi je n'ai pas osé la décevoir en lui répliquant que je caresse d'autres rêves pour mon unique fille que de la voir devenir un garçon manqué...

 

disney_princesses-copie-1.jpg

Fée ou princesse ? J'hésite encore...


 

lundi 15 avril 2013

A la manière d'Albane... par Stiop

Ceux qui sont abonnés à la newsletter de ce blog recevront dans quelques minutes, quand j'aurai publié cet article, un avis de publication :

Un nouvel article sur le blog lesbanalitesdalbane.over-blog.com

Sauf qu'aujourd'hui, je ne suis pas l'auteur du billet que je vous propose. Après avoir eu l'indulgence d'apprécier le pastiche que j'avais fait de son propre blog, Stiop a eu la gentillesse, qui m'a vivement touchée, d'emprunter mon identité et ma façon pour rédiger un article "à la manière d'Albane". Virtuellement, il a pénétré dans mon univers et est allé - courageusement - jusqu'à pousser ma poussette dans le jardin public où l'attendaient des conversations que j'aurais pu entendre et des réflexions que j'aurais pu mener. 

Comme je le lui ai déjà dit, j'ai été à deux doigts de croire l'avoir écrit moi-même... et je le remercie de tout coeur pour cette attention. Je vous laisse découvrir ce pastiche :

Et si le climat s'améliorait ?

Et j'attends bien-sûr votre avis sur cette imitation !

 

anticyclone

jeudi 11 avril 2013

Comme un air de printemps

On n'en avait vu jusqu'alors que de rares et discrets signes avant-coureurs, et pourtant depuis quelques jours on se surprend à avoir chaud sous les gants, à prêter ses joues aux souffles de vent, à sourire aux giboulées, oubliant la grêle à la faveur des éclaircies.

Il paraît que le printemps arrive dimanche, il paraît. On n'ose à peine y croire, de peur de lui faire faire demi-tour, mais on s'imagine déjà la prochaine balade en tenue légère entre les arbres en fleur baignés de lumière...

Et pour fêter la venue des beaux jours, voici un nouveau décor pour ce blog, qui, je l'espère, vous plaira. Une branche de fleurs blanches – couleur albâtre – , car n'y a-t-il rien de plus banal et de plus extraordinaire à la fois qu'une branche de fleurs de pommier quand revient le printemps ?

 

IMG 0674

 

mardi 9 avril 2013

2013, par le petit bout de la lunette – Suite

 

J'ai la joie de vous annoncer l'arrivée d'un nouveau venu dans la famille :

 faire-part-faire-part-naissance

 

Matéo

 

le 6 avril 2013
45 cm
3,300 kg

 

 

 

 

Ne vous emballez pas, je vous explique.

Samedi dernier, suite à vos nombreux conseils, j'ai incité mon mari à retourner chez Bricomachin pour tenter de régler enfin, définitivement, notre délicate histoire de lunette de WC. Cela faisait des semaines que la question était en suspens et notre abattant en flottement anarchique sur notre cuvette, sans d'ailleurs que cela ne nous trouble plus, comme je vous l'avais expliqué. J'ai tout de même insisté auprès de mon mari pour qu'il fasse en sorte de nous procurer un matériel plus stable en pensant aux invités qui peuvent passer le pas de notre porte et celle de nos WC et qui s'exposent à de surprenantes secousses et d'étonnants affaissements dans des moments où l'on apprécie en général au contraire l'environnement calme et sans risque de ce que l'on nomme les lieux d'aisance.

Après d'âpres négociations sur l'alternative consistant à ne plus recevoir aucun ami, j'ai fini par convaincre mon mari en lui promettant de m'attaquer pendant sa course à la confection de lasagnes maison et d'un pavlova aux kiwis (merci à la Bécasse pour cette idée délicieuse).

C'est ainsi qu'en fouettant ma crème fraîche j'ai entendu le téléphone sonner.

- J'ai failli me faire arrêter par le vendeur.
- Ah ?
- Oui, je préférais fouiller dans les boîtes pour vérifier le type de fixation. Tu comprends.

Je comprenais fort bien. Sachez qu'après les épreuves que nous avons traversées, et quelques soient les risques encourus, nous n'accorderons plus jamais notre confiance aux descriptifs mensongers des emballages de lunettes de WC – en comparaison, le scandale des lasagnes à la viande de cheval est peu de chose.

Mon mari reprend ses explications.

- Il y a un modèle dont je suis sûr. Par contre il ne reste plus qu'une couleur.
- Oui ?
- C'est une sorte de vert, c'est assez laid, un peu kaki, un peu olive.

J'ai soupiré. Décidément rien ne nous aura été épargné.

- Prends quand-même, c'était turquoise avant, on s'habituera bien.

Mon mari est rentré avec l'objet : Mateo, couleur « vert botanique n°3» (c'est plus joli que « abattant de WC couleur feuilles mortes en décomposition ») et s'est apprêté à l'installer.

Autant vous dire que je n'en menais pas large, craignant qu'à nouveau la fatalité des sanitaires incompatibles ne nous empêche de fixer cette nouvelle lunette sur notre cuvette, et je suis retournée à la cuisine tromper mon anxiété en fouettant fébrilement ma béchamel.

- C'est fait, est venu m'annoncer mon mari.

J'ai mis un moment à assimiler cette heureuse nouvelle, continuant à tourner machinalement ma fourchette le temps de saisir l'importance de cette information et de toutes ses répercussions. J'ai fini par poser ma casserole et relever la tête, une lueur d'espoir dans le regard.

- Déjà ?
- Finalement je n'ai pas installé la lunette verte, je n'ai utilisé que les fixations et j'ai gardé l'ancien abattant blanc.

Et voilà. Nous nous en sommes sortis, nous voici désormais solidement équipés pour faire face à tous nos besoins les plus pressants ; nous avons l'occasion chaque jour de nous émerveiller devant la parfaite stabilité de notre matériel et petit à petit s'estompe le souvenir des douloureux moments passés, comme balayés un peu plus à chaque tirage de chasse d'eau.

Je peux même vous assurer que la présence encombrante de Matéo, relégué au fond d'un placard, et son atroce teint olivâtre, ne parviennent pas à assombrir notre joie, aussi éclatante que l'auréole immaculée qui orne désormais solidement la cuvette de nos WC.

 

abattant de WC

A vendre, Matéo, abattant de WC couleur « vert botanique n°3 » (Fourni sans ses fixations)
Peut aussi servir de cadre à photo


 

dimanche 7 avril 2013

Un air de famille

J'ai une sœur. Avant, quand j'étais petite, on me disait que je ressemblais plutôt à mon frère, mais depuis quelques années la ressemblance s'est sans doute quelque peu atténuée, en tout cas je n'entends plus personne le dire (c'est peut-être une bonne chose, il chausse du 45 et fait un peu plus viril que la moyenne des femmes).

 

Avec ma sœur, c'est différent, on ne se ressemble pas du tout. On a partagé beaucoup de choses, c'est vrai : la même enfance, les mêmes parents, la même chambre, des dizaines de paquets de choco-BN, notre premier achat de rouge à lèvre pour le mariage d'une cousine, des heures et des heures à faire trempette dans la Manche ou dans des lacs glacés du Jura, la banquette arrière de la golf familiale, les truffes au chocolat de notre grand-mère paternelle, les pims de notre grand-mère maternelle, des tubes de crème solaire indice 60, les télésièges en chantant Céline Dion à tue-tête, les éternelles virées shopping au Promod de notre petite ville de province, Princesse Sarah, Joe Dassin, Madame Parquet, notre institutrice en CM2, Valérie Pollequier, la voisine du dessus, le premier Koh-Lanta et encore deux ou trois petites choses.

 

Malgré cela nous sommes très différentes. Je suis châtain, elle est blonde, j'avais des lunettes, elle a porté un appareil dentaire, j'ai eu Madame Duroi en moyenne section, elle a eu Madame Brèche, elle n'aime que les épinards, ce sont les seuls légumes que je n'aime pas, elle a un mac, j'ai un PC, j'ai eu ma période Francis Cabrel, elle était plutôt Jean-Jacques Goldman, elle me tient au courant des derniers buzz, je la conseille pour la cuisson d'un cake au saumon, j'ai fait du latin, elle du grec ancien, elle était l'aînée, moi la cadette, mais il se peut aussi que je confonde un peu.

 

Pourtant, à partir du moment où nous étions au lycée, les gens ont commencé à trouver que nous nous ressemblions. « La même tête. Non mais la même tête, quoi !», disaient les autres dans la queue de la cantine. « Ta sœur et toi vous vous habillez pareil » - c'était faux, je portais un jean ober, elle un cimarron, un gros pull col V bleu marine, le sien était vert, mais il est vrai que nous avions toutes les deux un sac à dos Quicksilver. Et puis un jour, nous nous sommes rendu compte qu'un ami de notre frère qui nous connaissait toutes les deux nous avait prises l'une pour l'autre pendant au moins trois ans ; quant au facteur de mes parents, il demande souvent à ma sœur comment vont ses enfants, sauf qu'elle n'en a pas.

 

Bref, nous avons fini par nous rendre à l'évidence, il doit y avoir un peu de ressemblance entre nous. Heureusement, nous avons grandi, mûri, affirmé nos personnalités, et trouvé chacune un style vestimentaire bien à nous, ayant – à regret – remisé nos sacs à dos Quicksilver et nos gros pulls à col en V.

 

Sauf que, hier, nous nous sommes retrouvées chez mes parents autour d'une bonne fondue bourguignonne : nous portions toutes les deux, sans nous être concertées, une robe courte, taille haute, manches ballon, un sous-pull, des collants opaques, les cheveux sur les épaules et un pendentif rond ajouré au bout d'une longue chaîne dorée. Et encore, nous n'avions pas mis nos boucles d'oreille en nacre, celles que nous avons achetées ensemble, en double, lors d'une vente privée.

 

La seule différence, finalement, c'était la couleur de la fourchette à fondue.

 

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« Bon, tout va bien, on a réussi à ne pas s'habiller pareil aujourd'hui. »

 

Et vous, avec vos frères et sœurs, faux jumeaux ou vrais sosies ?  

 

jeudi 4 avril 2013

Qui veut la peau de Pierre le lapin ?

La littérature enfantine recèle des trésors, et ce n'est pas mon amie Ginger, grande amatrice de la collection « Max et Lili » qui me contredirait ; vous vous souvenez peut-être aussi du joli livre « Le petit bateau de Petit Ours » dont je vous avais parlé il y a quelques mois.

Grâce à mon fils qui l'a choisi à la bibliothèque de son école, j'ai déniché une nouvelle perle à vous présenter :

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Pierre fait tout de travers

Rien qu'à lire le titre de la collection, « Les autres et moi », vous aurez compris qu'il s'agit d'un livre éducatif, l'un de ces précieux ouvrages destinés à aider nos enfants à trouver leur place dans la société.

L'histoire m'a paru si juste, et si universelle que je ne peux m'empêcher de vous la raconter.

Pierre est un charmant petit lapin, avec de jolies oreilles en forme de saucisses. Mais Pierre, que j'estime vieux de quatre ou cinq ans (en âge humain – j'ignore la correspondance en âge lapin), Pierre a un gros défaut : il est très maladroit. Regardez plutôt : il a mis sa chemise à l'envers et il dort les pieds sur l'oreiller.

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Jusque là, rien de très exceptionnel, me direz-vous.

Mais les maladresses de Pierre ne s'arrêtent pas là. Au cours de la même journée, Pierre se prend les pieds dans les draps, renverse son bol de chocolat chaud, éclabousse ses camarades dans la piscine, projette de grosses gouttes d'encre sur le cahier de sa voisine, et j'en passe, alors qu'à côté de lui ses frères, sœurs et camarades de classe de l'école maternelle des lapins manifestent une grande maîtrise et une parfaite habileté dans tous les domaines. Une fatalité implacable s'acharne sur le pauvre Pierre qui, immanquablement, sans le vouloir, sans même comprendre comment, crée autant de catastrophes en une minute que Mister Bean en dix épisodes.

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Mais l'entourage du petit Pierre ne connait pas Mister Bean, et la patience lapine a ses limites. Autant vous dire que le personnage, aussi gentil qu'il soit, commence à exaspérer sérieusement tous ses proches. Pierre, qui, à défaut d'être adroit, est un petit lapin sensible, en ressent une grande tristesse, les yeux si pleins de larmes qu'il ne pense même pas à éviter les flaques de boue.

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Cette fois c'en est trop, Pierre se fait gronder par sa maman, qui, fronçant les sourcils, ne se rend pas compte que son maladroit de fils a le cœur gros – sans doute avait-elle oublié ses lunettes car le lecteur, lui, a le cœur serré à la vue du coupable, penaud, tête baissée, oreilles tombantes, pleurant à chaudes larmes.

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C'est alors qu'une petite fille lapin de ses amis sonne à la porte pour venir faire de la peinture avec Pierre. Vous avez déjà deviné : il ne se passe pas deux minutes avant que Pierre ne renverse son pot de peinture.

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Vous pensez certainement que la situation du pauvre lapin paraît désespérée. Humainement parlant – lapinement parlant aussi, d'ailleurs – Pierre semble totalement irrécupérable, incapable de s'adapter au monde des lapins, destiné à se retrouver au ban de leur société, errant sans terrier ni clapier, semant le désordre et le chaos partout où il passera.

Mais vous vous trompez ! Car, et c'est à cela que l'on reconnaît l'auteur de talent, y compris dans le domaine confidentiel de la littérature enfantine, le dénouement brillant, inattendu et plein d'invention ne manquera pas de vous surprendre.

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C'est merveilleux : l'ultime maladresse du petit lapin se révèle un coup de génie ! La peinture jaune, involontairement renversée sur la bleue, fait apparaître une nouvelle couleur, une énorme tâche verdâtre dégoulinante (maman lapin va devoir une fois de plus passer la serpillière) qui tire de l'amie de Pierre des cris d'enthousiasme et d'admiration tandis que notre héros retrouve enfin le sourire, goûtant un bonheur sans mélange - quoique sans doute de courte durée d'ici là prochaine maladresse, mais comme le livre se termine nous n'en saurons pas plus.

Comment ne pas être touché par cette charmante histoire si encourageante pour nos enfants ? Et pour nous tous, adultes, qui souffrons nous aussi parfois de nos maladresses, qui pouvons nous laisser aller au désespoir, qui nous heurtons à l'incompréhension d'autrui ? Heureux sommes-nous, qui savons désormais comment résoudre les pires de nos difficultés : laissons faire le hasard, car, comme le disait si bien le sympathique Jean-Claude Dusse,

on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

« On ne sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher. »

jc dusse