mardi 27 août 2013

La dernière balade

C'était il y a quelques jours, si loin là-haut dans ces montagnes où j'ai passé mes vacances.

Il est encore tôt ce matin-là, c'est d'ailleurs, dit-on, le meilleur moment pour ceux qui partent en promenade. Nous chargeons la voiture, nous avons tout pris, le pique-nique, les chapeaux de soleil, et tout le reste.

L'air est si pur et si léger, d'une fraîcheur si vivifiante ; il se respire à pleins poumons, tout chargé des parfums des fleurs, des foins et des sapins. Avant de monter en voiture, j'écoute encore un peu le silence des montagnes, un silence qui bruisse de mille sons : le chant des grillons, la musique du torrent qui dévale la vallée, les cloches des troupeaux là haut dans leurs pâturages.

Et nous partons.

Le soleil se lève derrière le versant à l'ombre, l'une après l'autre les cimes des sapins s'allument, touchées par les rayons de plus en plus hauts, tandis que sur le versant opposé, les verts alpages baignent déjà dans une lumière dorée où s'allongent les ombres rasantes des arbres et des pins. Des massifs les plus abrupts la lumière semble tomber comme en cascade, plus loin les monts bleutés et pâles découpent leur silhouette imprécise sur un ciel encore clair et uniformément bleu.

La route déroule ses lacets entre les villages endormis et les prairies brillantes de rosée. Je devine, sur un côteau, ce chemin où nous avions croisé un troupeau de chèvre, plus haut, caché derrière les sapins, le lac où nous nous sommes baignés, et, là-bas, ce jardin où notre fille vient de faire ses premiers pas.

Rapides nous filons vers les lointains brumeux, déjà nous amorçons la descente. Insensiblement, le paysage s'ouvre et s'adoucit ; la ville, blottie en contrebas au pied de la vallée, déploie ses rues et ses quartiers, et tandis qu'elle se rapproche, s'éloignent les sommets qui disparaissent derrière nous, inaccessibles, le temps d'un dernier coup d'oeil à leurs verts alpages, à leurs roches vertigineuses, à leurs neiges éternelles.

Nous ne nous retournerons plus ; bientôt nous aurons rejoint les platitudes de notre région et repris le cours paisible et coutumier de notre vie, tandis que très loin, là-haut, immuables et millénaires, les montagnes dessineront pour l'éternité les reliefs accidentés de leurs sommets escarpés.

Elles m'attendent, et nous reviendrons.

 

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