Faire
se préparer rapidement les enfants, descendre à l'arrêt de bus, se
dire de ne pas se tromper de ligne, monter dans le bus qui arrive, se
rendre compte trois arrêts plus loin qu'on s'est quand-même trompé
de ligne, faire appel à ses très vagues souvenirs de la topographie
de la ville, descendre au terminus, chercher la correspondance
pendant cinq minutes sur la place, monter dans un deuxième bus,
vérifier qu'on part dans la bonne direction, descendre à
destination dans un quartier inconnu, y chercher le centre
commercial, trouver l’ascenseur, faire l'achat prévu (sans oublier
plan de la ville, ça pourrait servir), chercher l'arrêt de bus
(celui de la ligne qu'on aurait dû prendre à l'aller), monter dans
le bus (sans erreur cette fois), ramasser les tickets tombés par
terre, mettre le frein à la poussette, installer sa fille sur un
siège, récupérer sa fille qui hurle de terreur parce qu'une
vieille dame s'est assise à côté d'elle, entendre une grande
clameur dans le bus et apercevoir en se retournant la poussette
renversée, roues en l'air et bébé en dessous, remettre à
l'endroit l'enfant cascadeur (qui ne s'est rendu compte de rien),
tâcher de ne pas manquer l'arrêt auquel il faut descendre, pousser
le portillon, essayer trois clés avant de trouver celle de la boîte
aux lettres, ouvrir la porte d'entrée, poser ses affaires – et
souffler de fierté en sortant le précieux sésame du sac de
courses...
…le
petit cahier de dessin oublié dans la liste des fournitures
scolaires.