Ce soir, pour la dernière
soirée, nous avons dîné sur la terrasse. Une montgolfière blanche
et bleue, s'élevant dans l'azur limpide, est passée, majestueuse,
au dessus du jardin. Les montagnes se sont embrasées, encore une
fois, sous les rayons roses du soleil couchant, et, insensiblement,
l'obscurité a emporté dans son ombre l'herbe verte et les trèfles
roses des champs, les chemins blancs caillouteux, les douces courbes
des vallons, les forêts sombres et les bois noirs, les roches
abruptes des sommets et les fermes paisibles de la vallée.
C'est la fin des
vacances... et demain nous partons.
Il y a trois semaines,
pour la dernière soirée, nous avions emmené les enfants dîner au
restaurant. Nous avons terminé les derniers rangements, puis, pour
la dernière fois, nous avons éteint les lumières, livrant à
l'obscurité l'appartement méconnaissable, presque dix ans de notre
vie empaquetés dans des piles de cartons amoncelés par dizaines
entre les meubles vidés, tout le décor de notre existence –
tous nos tableaux, quelques bibelots – posés au bas des murs
blancs et froids où ne subsistaient plus que quelques traces
poussiéreuses.
C'est la fin d'une
époque... et le lendemain nous déménagions.
La rentrée qui s'annonce
sera cette année différente. Demain nous rentrons chez nous, dans
un chez nous qui n'est le nôtre que depuis quelques jours, à peine
quelques semaines, à quelques centaines de kilomètres du précédent,
un chez-nous un peu familier mais encore si étranger, un chez-nous
dont le décor ressemble un peu à l'ancien – sur les nouveaux murs
blancs les tableaux ont trouvé une nouvelle place – mais un
chez-nous tout neuf, un chez-nous encore vierge de souvenirs, un
chez-nous qu'il nous reste à connaître, à peupler, et à écrire.
Je n'ai guère été
présente ces derniers mois, mais si vous souhaitez suivre mes
nouvelles aventures, je me ferai une joie de les écrire pour vous...