mardi 28 février 2012

Coup double

  Il y a quelque temps, j'ai fêté mon anniversaire. Cette fois, pas de smarties, de playmobils ni de pêche à la ligne, mais un très bon gâteau au chocolat, et des bougies – de plus en plus nombreuses, ces bougies, mais on les oublie vite en regardant se ruer sur leur assiette les enfants présents dans l'assistance.

  Ce qu'il y a de bien quand on fête son anniversaire, c'est qu'on est plusieurs à se réjouir. Il y a, déjà, les enfants, donc, qui tendent élégamment leur assiette en demandant « encore ! » – mais cela n'a même pas l'air de déplaire à leur indulgente grand-mère – et qui se jettent sur vos cadeaux pour vous aider généreusement à arracher les rubans décoratifs, action primordiale quoique totalement dépourvue d'utilité.

  Et aussi, il y a votre conjoint. Ce dernier (ou cette dernière, cela vaut pour le mari comme pour la femme) a beau prendre un air plus détaché que celui de sa progéniture en dégustant son dessert, il n'en prête pas moins le plus grand intérêt à l'ouverture des cadeaux. Après tout, c'est dans son propre foyer que seront rapatriés les présents en question, et si ceux-ci peuvent plaire à leur destinataire sans lui déplaire à lui, c'est encore mieux.

  « Joli ! » approuve-t-il par exemple, dans le cas présent, lorsque son épouse déballe un beau plat à gâteau à porcelaine. Mais c'est avec un enthousiasme plus appuyé qu'il applaudit le très heureux choix du présent suivant : un cercle à pâtisserie accompagné de son livre de recettes. Non pas qu'il se destine lui-même à utiliser le cadeau en question, mais il se sent tout disposé à encourager sa femme à le faire, et c'est d'une seule voix que tous deux adressent leurs remerciements empressés à leur auteur. Décidément, Monsieur n'a pas à se plaindre de sa belle-sœur.

  Le paquet suivant contient un DVD, Drive : un film splendide, dont j'ai suggéré l'idée à Monsieur depuis quelques mois, non sans une certaine insistance peut-être, une histoire bouleversante, celle d'un homme qui se sacrifie pour sauver celle qu'il aime. Mais un film avec, aussi, des voitures, des cascades, des mafieux violents, et une très belle bande originale.

- On pourra le regarder ce soir, suggère Monsieur, à qui l'effort ne semble pas coûter démesurément.

  Le CD déballé dans la foulée lui paraît très bien choisi aussi pour enrichir la discothèque familiale : je ne connais pas cet opéra de Bellini, et Monsieur pas davantage, ce sera l'occasion de le découvrir.

  Après m'avoir aidée à transporter mes cadeaux jusqu'à la voiture, Monsieur reconnaît que la journée a été très réussie. « Vivement son anniversaire ! » pensé-je intérieurement sur le trajet de retour. J'ai déjà quelques idées qui devraient être appréciées. Par lui, bien-sûr...

jeudi 23 février 2012

Le carnaval de l'école

  Mardi dernier, mardi gras, a eu lieu le Carnaval de l'école de mes enfants : l'après midi la plus attendue de l'année, à égalité avec la fête de l'école du mois de juin.

  C'est avec un enthousiasme inhabituel et non dissimulé que mes enfants se sont préparés et déguisés, après le déjeuner, pour rejoindre leur établissement scolaire. Une épée, un bouclier et un pistolet prudemment rangés dans un sac, les costumes enfilés, invisibles sous les manteaux, à l'exception du chapeau de shérif porté par dessus le bonnet, nous sommes partis pour l'école.

  Dans la cour, un spectacle insolite s'est offert à nous : des dizaines de créatures costumées évoluant bruyamment dans un climat d'agitation et d'excitation palpable. Des chevaliers par quinzaines, de nombreux cowboys, cinq ou six clowns, quelques animaux – un dalmatien, un dinosaure, en larmes d'ailleurs, et deux ou trois lapins – plusieurs exemplaires de batman et de spiderman, un bataillon de pompiers, quelques pirates, occupés, pour beaucoup, à croiser le fer, le sabre, le revolver ou je ne sais quelle bat-arme, dans des combats inédits et vigoureux.

  Et puis, un peu à l'écart de cette agitation virile, les filles. Un cortège de princesses, reines et fées en grande discussion, dans un doux bruit de froufrou, revêtues de somptueuses robes aux tons pastel – rose pâle, bleu pâle, jaune pâle – diadèmes étincelants sur le front, baguettes magiques à la main, ailes colorées dans le dos, sous une profusion de paillettes, rubans, perles, tulles et dentelles. Un spectacle chatoyant qui tranchait avec l'habituelle sobriété de leurs tenues, et celles de leurs mamans d'ailleurs, qui déploient rarement une telle féminité exacerbée dans leur habillement. On se demande comment ce goût pour les robes de princesses et les contes de fées survit de façon aussi unanime chez toutes ces petites filles, mais, si j'en crois mes fils, le spectacle de leurs camarades revêtues de leurs splendides atours a suscité beaucoup d'admiration chez les garçons. Il semble que les féministes n'ont pas encore gagné leur combat...

  En ce jour exceptionnel, même les enseignantes ont joué le jeu. Pas de robe de princesse, certes, à l'âge adulte les fées se transforment en sorcières, et plusieurs institutrices, tout de noir vêtues, arborent un chapeau tordu et une longue cape. La directrice, plus souriante que je ne l'ai jamais vue, une spatule à la main, accueille les enfants revêtue de son tablier et coiffée d'une toque de cuisinier. Il n'y a que les parents d'élèves qui détonnent, aujourd'hui, avec leur habillement terne, au milieu de cette foule bigarrée... à l'exception de cette femme, là-bas, qui m'a bien l'air de s'être déguisée en top model saison automne-hiver. Non, à y regarder de plus près, il s'agit simplement de Miss Arborique.

  Les parents quittent un à un l'école, on aurait presque envie d'enfiler un costume et de rester festoyer avec nos enfants. C'est sans regret aucun, et à peine un au-revoir, que ceux-ci nous laissent partir, pourtant, et les portes de l'école se referment sur ce petit monde tout occupé à s'amuser comme jamais...

  Trois heures plus tard, je viens récupérer mes enfants : les joues sont rouges, les regards brillants. Madame la directrice a quitté son costume de chef, les enseignants ont l'air un peu fatigué ; le ressort du revolver est cassé, et l'épée démontée, endommagés dans de rudes et nombreux assauts. Demain l'école, encore jonchée ce soir de confettis, aura repris son allure respectable et un peu austère, les bureaux s'aligneront à nouveau en face des tableaux noirs qui reprendront leur studieux service. Mais pour quelques heures, dans les yeux des enfants, l'établissement scolaire s'est transformé en palais des mille et une nuits, en château de conte de fées, en caverne d'Ali Baba. Et, sur le chemin du retour, en les écoutant raconter, volubiles, leur après midi de carnaval, ce sont quelques bribes enchantées de notre propre enfance qui surgissent en nous avec force.

  Vivement l'année prochaine.

lundi 20 février 2012

Éphémère jeunesse

  J'ai un vieux téléphone portable que je n'utilise plus, et samedi dernier, je me suis lancée dans une opération dont je pensais qu'elle ne présenterait pas de difficulté particulière : faire déverrouiller cet appareil afin de l'utiliser chez un nouvel opérateur qui a le bon goût de proposer un forfait au prix avantageux de zéro euro par mois.

  Munie de l'appareil, de la facture d'origine, et accompagnée de la famille au grand complet désireuse de profiter de l'occasion pour se promener agréablement sous la bruine par cinq degrés Celsius, je me rends dans la boutique où j'avais acquis ce téléphone.

  Le vendeur me renvoie aimablement vers un autre magasin, m'expliquant qu'ici ils n'effectuent pas de déverrouillage. Nous trouvons, non sans mal, dans une ruelle à l'écart des grands axes commerçants, une petite boutique assez miteuse sous une enseigne clignotante à moitié en panne : « Téloshop ». L'intérieur est aussi sombre et peu soigné que le magasin que je viens de quitter était clair, lumineux et parfaitement ordonné. Sous le comptoir, un certain nombre de portables sont à vendre, des occasions certainement, les prix sont indiqués à la main sur de petits morceaux de papier. Le vendeur communique dans une langue étrangère avec le client précédent, termine sa conversation et s'adresse à moi – en français cette fois. Je montre mon téléphone, expliquant que je souhaite le déverrouiller.

- Ah, celui-là ce n'est pas possible, Madame, il est trop vieux, on ne peut plus le faire. Vous pouvez en racheter un, regardez dans la boutique.

  La proposition ne me tente pas ; dépitée, je retrouve Monsieur qui m'attend dehors et lui expose la situation.

- C'est dommage, il marchait très bien, lui dis-je. Mais c'est vrai qu'il n'est pas tout récent. Attends, si je me souviens bien, je l'ai acheté...

  Je sors la facture de mon sac à main.

- C'est bien ça, je l'ai acheté trois jours avant la naissance de Fiston, il y a cinq ans, dis-je en jetant un coup d'œil à l'intéressé.

  Fiston, du haut de ses cinq années, est précisément en train de sauter dans une flaque d'eau en faisant joyeusement tournoyer sa paire de moufles autour de leur cordon, s'attirant ainsi l'admiration de ses plus jeunes frères.

- Cinq ans ! Autant dire que ce n'est plus la prime jeunesse...

vendredi 17 février 2012

Prise de risque

  Vous vous souvenez peut-être de la soirée chic que j'avais passée, étudiante, dans l'appartement de Daniel et de Monique, mon parrain et son épouse, que je n'avais pas revus depuis des années. Daniel, d'ailleurs, m'avait confié à cette occasion qu'il disait parfois à Monique qu'à ce rythme là ils ne me reverraient pas avant mon mariage. Assise sur leur jolie banquette de style, mon verre de jus de fruit à la main, j'avais alors pensé intérieurement que Daniel s'avançait peut-être un peu, et qu'il semblait bien sûr d'être convié à cet événement encore hypothétique.

  Une fidèle lectrice m'a demandé, en commentaire, si, depuis cette mémorable soirée, j'avais eu l'occasion de revoir Daniel et sa femme. Il est vrai qu'ils m'avaient vaguement proposé de revenir passer une soirée chez eux, mais ils n'y mirent pas d'insistance particulière et je me suis gardée de les envahir à nouveau.

  J'ai eu par deux fois l'occasion de revoir mon parrain. La première fois, en déplacement professionnel dans la région, il était venu passer une soirée chez mes parents, chez qui je me trouvais justement. Je participai discrètement à la conversation, me contentant d'écouter d'une oreille distraite Daniel évoquant le caractère stationnaire et trop peu ambitieux à son goût de la carrière professionnelle de son épouse, davantage préoccupée que j'étais par le nombre de ballotins de dragées à réaliser, ou peut-être par l'impression des faire-part : il se trouve que j'étais à trois mois de me marier. Le sujet finit tout de même par arriver dans la conversation :

« Le mariage, c'est quand-même une prise de risque, non ? »

  Je suppose que Daniel me trouvait bien jeune pour convoler, mais sa remarque me fit toutefois sursauter. Lorsqu'il quitta mes parents, je l'entendis, depuis ma chambre où je m'étais réfugiée après le dessert, les interroger, dans l'entrée, sur leurs sentiments à propos de cette union bien risquée. J'eus le soulagement d'entendre mes parents assurer qu'ils étaient confiants, mais je doute qu'ils aient réussi à contenir le scepticisme de leur hôte.

  Daniel et Monique ont toutefois assisté à ma « prise de risque », l'air un peu contraint, et c'est donc le jour de mon mariage que je les ai vus pour la toute dernière fois.

  Depuis, nos rapports se limitent à une carte de vœux annuelle, emprunte, pour celle de Daniel, d'un pessimisme de plus en plus marqué : « En dépit d'un contexte économique difficile, des incertitudes quant au marché de l'emploi, et de la crise financière, nous vous souhaitons une très bonne année » ; aux faire-part de naissance que nous leur adressons, et aux félicitations, un peu convenues, que nous recevons en retour : « Que la naissance de votre enfant ne vous fasse pas négliger pour autant votre vie de couple ».

  Emploi, mariage, naissances, l'existence n'est qu'une immense prise de risque...

lundi 13 février 2012

Trêve hivernale

   La trêve hivernale, protégeant certains individus en situation précaire contre les coupures de gaz ou d'électricité en cas d'impayés, dure du 1er novembre au 15 mars.

  Nous ne sommes sans doute pas en situation précaire, mais grâce à la grande libéralité de notre agence immobilière, GdF a fait mieux encore pour nous qu'une simple trêve hivernale. Depuis dix-huit mois que nous sommes locataires de notre appartement, nous avons été chauffés gratuitement. Jamais une facture, jamais un relevé de compteur. Il faut dire que nos prédécesseurs dans le logement nous avaient assuré que le chauffage était compris dans les charges (que je trouvais bien faibles, soit dit en passant, mais qui s'en plaindrait ?). Alors pourquoi mettre leur parole en doute ?

  Sauf que je viens de retirer à la Poste un recommandé avec accusé de réception de notre agence immobilière me demandant de bien vouloir renvoyer un document spécial signé et daté à GdF pour établissement d'un contrat. Cela aurait été si simple de nous le remettre le jour de la signature du bail. Il y a un an et demi.

  « Attention aux coupures », nous avertit aimablement notre agence immobilière, ajoutant, légèrement menaçante : « Nous vous faisons remarquer que vous n'avez rien réglé à GdF depuis votre arrivée dans les lieux ». Et pour cause...

  Notre agence immobilière a donc mis la bagatelle de dix-huit mois à se rendre compte que nous n'avions pas établi de contrat avec GdF – et par la même occasion, que les précédents locataires, eux, n'ont jamais réglé leur consommation de gaz. La surprise n'est pas très agréable pour nous, mais ce n'est rien en comparaison du choc que nos prédécesseurs vont ressentir en ouvrant le courrier que l'agence immobilière leur a, peut-être, adressé :

« Madame, Monsieur,

J'ai l'honneur de vous demander de contacter GdF afin d'établir un contrat rétrospectif de consommation de gaz et d'eau chaude pour les dix années que vous avez passées dans l'appartement que vous avez quitté il y a un an et demi.

Je ne peux que vous conseiller de vous assurer que l'état de vos finances vous permettra de régler votre arriéré de dettes s'élevant, après une rapide estimation, à une dizaine de milliers d'euros. Il serait peut-être bon d'annuler votre séjour au ski pendant les prochains congés scolaires, voire vos vacances d'été, en prévision de la régularisation de vos charges.

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'assurance de ma très grande considération la meilleure. »

  Pas de trêve hivernale pour les mauvaises nouvelles.

jeudi 9 février 2012

Elle qui marche

  Cela fait bientôt dix ans que je la connais, que je la vois marcher, marcher, marcher encore. Quand elle ne marche pas, elle se déplace quand-même, assise dans le métro. Depuis dix ans que je fréquente le quartier et que j'y emprunte les transports en commun je l'aperçois régulièrement, toujours dans le même périmètre assez large, sur une petite dizaine de stations. Elle ne se promène pas, elle ne flâne pas, elle ne se balade pas. Elle avance. Elle marche.

  Je suppose que tout le quartier la connait. On la remarque d'abord pour son allure. Une cinquantaine d'années, peut-être plus, peut-être moins, les cheveux blonds platine, un peu rares, laissés libres et légèrement hirsutes, un visage rude et très émacié, les traits durs, marqués, le menton fort, le regard absent. On est frappé par sa démarche nerveuse et saccadée, automatique, on la croirait montée sur un ressort. Elle avance d'un pas long et rapide, sans jamais regarder autour d'elle, penchée d'un côté, le haut du dos comme déporté sur la gauche, la tête fixée dans le même axe, comme tendue par une force invisible, les yeux baissés, un bras décrivant un large mouvement de balancier tandis que de l'autre main elle tient une cigarette qu'elle porte à sa bouche d'un geste gauche et rapide. Parfois on la voit marmonner silencieusement quelques paroles mystérieuses, le regard toujours fixe et vide. Sa maigreur est effrayante : ses membres ne sont pas plus épais que des baguettes, et l'on s'étonne qu'une silhouette aussi malingre dégage une impression d'énergie si brusque et si intense.

  Il faut l'avoir aperçue deux ou trois fois pour constater qu'elle n'est pas aussi négligée qu'elle semble l'être au premier abord. Quand on s'est suffisamment habitué à son apparence singulière et que l'on a le loisir de détailler son habillement, on constate qu'elle arbore des tenues très colorées et rarement assorties mais neuves, et sans doute de bonne facture. Ses ongles sont toujours vernis de couleurs vives, elle porte un rouge à lèvres voyant et souvent quelques accessoires inattendus, dernière touche insolite à son extravagante silhouette : des mitaines multicolores, un sac à main brillant, un bijou clinquant.

  Qui est-elle, comment vit-elle, depuis combien de temps est-elle mue par cette folie déambulatrice qui la pousse sans répit droit devant elle ? Elle est une ombre, une ombre dans la ville, une ombre étrange et bariolée qui ne cesse d'avancer, décidée mais sans but, un élément instable qui suit sa propre trajectoire insensée au beau milieu du flux rapide et organisé de la circulation.

mardi 7 février 2012

Le choc des héros

   Début décembre, il y a deux mois. Nous recevons un coup de fil du papa de Monsieur qui souhaiterait discuter avec ses petits-enfants. Nous suivons d'une oreille la conversation parfois un peu décousue entretenue par notre fils aîné.

- Bonjour Grand-père, on a mis le sapin, il y a une guirlande lumineuse de toutes les couleurs.

   Nous devinons les questions posées depuis l'autre bout du fil en écoutant les réponses de notre fils.

- Oui, le Père Noël va bientôt passer.

   Il semble que, finement, et sans éveiller aucun soupçon, Grand-père, l'air de rien, s'enquière des cadeaux que son petit-fils a demandés au Père Noël. Le 25 approche et tous les grands-parents du monde commencent, sans doute, à penser à ces jouets que leurs petits-enfants trouveront au pied du sapin le jour de Noël...

- Ben j'ai demandé Cars.

- ....

- Oui, Cars, j'ai demandé Flash et Martin.

- ....

- Bah Flash et Martin ! s'exclame notre fils, un léger ton d'indignation dans la voix, visiblement étonné, du haut de ses cinq ans, de devoir répéter une réponse aussi évidente et tellement explicite. cars.jpg

   Nos enfants n'ont pas vu les films, mais ils sont passionnés par les personnages de Cars. Même le petit dernier, pas encore deux ans, trente mots de vocabulaire environ, prononce, à sa façon, les noms de Flash McQueen et de Martin la dépanneuse, qu'il affectionne particulièrement.

   C'est au tour de notre deuxième de prendre le combiné.

- Bonjour Grand-père, on a mis le sapin et une guirlande lumineuse de toutes les couleurs.

   L'information passe toujours mieux quand elle est répétée. La conversation se poursuit, avec toujours cet air de « déjà entendu ».

- J'ai demandé Flash et Martin.

- ....

- Bah oui, Flash et Martin !

   L'échange téléphonique est désormais terminé. Grand-père a raccroché après avoir recommandé une grande sagesse à ses petits-fils dans l'attente de la fête de Noël, et toute la famille reprend ses activités un moment interrompues.

   Deux jours plus tard, Monsieur reçoit un mail embarrassé de son papa.

Lorsque nous avons demandé par téléphone aux enfants ce qu'ils aimeraient que le Père Noël leur apporte, nous avons compris Flash Gordon, Martin, Cars ce qui nous laisse perplexes parce que nous ne connaissons pas ces jouets.

   C'est dommage qu'ils n'aient pas eu le réflexe de chercher sur internet, ils auraient trouvé tout de suite : on ne voit que des jouets Cars dans les magasins cette année ! Mais je me rends compte que j'ai parlé trop vite :

Une recherche sur internet donne des résultats mais sur l'ancien flash gordon des années 50 ou 60 et nous pensons que ce n'est pas de cela que parlaient les enfants.

Pourriez-vous nous renseigner ?

   Je vous rassure, nous avons éclairé les généreux grands-parents, et ce sont bien les héros du film Cars que nos enfants ont découverts avec une joie infinie au pied du sapin. Ils ignoreront toujours qu'il s'en est fallu de très peu qu'à la place de Flash McQueen et du débonnaire Martin, ils ne déballent deux étranges figurines à l'effigie de Flash Gordon et de l'impressionnant empereur Ming.

flash-gordon.jpg

   Heureusement, le Père Noël veille à tout et ne se trompe jamais. En douteriez-vous ?

samedi 4 février 2012

Taguée

  Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant hier matin que je me suis fait taguer pour la première fois. Le monde des blogs (savez vous qu'il en existerait 150 millions de par le monde ?) s'est doté de ses propres règles et parmi les us et coutumes de la blogosphère, vous connaissez sans doute cet usage du tag. Le principe est simple, un blogueur vous adresse une liste de questions auxquelles vous devez répondre sur votre propre blog, avant de désigner – de taguer – un certain nombre d'autres blogueurs en leur demandant de répondre à leur tour à une série de onze questions que vous prendrez soin de rédiger. Une chaîne de questions et de réponses se répand ainsi sur les 150 millions de blogs existant dans le monde, ajoutant de nombreux articles de qualité à l'ensemble des millions de textes publiés chaque jour sur le web.

  Le genre des questions posées est très variable. Si vous tenez un blog sur le maquillage, par exemple, vous serez amené à répondre à des questions telles que « Apprécies-tu les conseils des vendeuses Sephora ? ». Si vous êtes passionné de cuisine, vous réfléchirez à la question suivante « Teflon ou fonte d'aluminium ? », et si vous ne vous intéressez à rien, vous enrichirez la blogosphère de vos réflexions pertinentes sur les sujets suivants : « Quelle est ta couleur préférée ? » ou « Quelle est la marque de ta voiture ? ».

  Mon amie la Belette, connue pour son humour et sa vivacité d'esprit, a eu la gentillesse (ou devrais-je dire la perfidie ?) de me choisir pour répondre à onze questions sorties tout droit de son imagination fertile. A la lecture de ces questions, figurez-vous que j'ai presque regretté de ne pas tenir un blog de maquillage, ou de devoir livrer à mes lecteurs ma couleur préférée et la marque de mon véhicule. Car l'exercice du tag est périlleux. Il s'agit de répondre de façon aussi spirituelle et originale que possible, à des questions souvent rédigées dans un esprit de paradoxe et de fantaisie, le tout sans sombrer dans le ridicule et en veillant à donner au moins l'apparence de la plus grande sincérité.

  Je vous livre le résultat de ce délicat travail de réflexion.

  •  Quelle serait la situation la plus gênante dans un ascenseur que tu puisses imaginer ?

 Rester bloquée pendant trois jours entiers en compagnie d'un végétarien, avec pour seules provisions un magnifique jambon entier.

  •  As-tu déjà pleuré d'émotion en regardant une pub télé ?

 Je ne crois pas, mais, si c'était le cas, oserais-je l'écrire sur mon blog ?

  • A qui as-tu eu envie de dire "Tais-toi à jamais" dernièrement ?

Je change de sujet, mais savez-vous que Tante Claudine est venue récemment nous parler de tous les malades et grabataires qui l'entourent ?

  • Raconte-nous un souvenir de pizza qui t'a marquée.

La pizzeria Pino, ce sont des pizzas de 70 centimètres de larges préparées sous vos yeux. Elles sont délicieuses, mais ne prenez pas d'entrée. Terminez avec un ananas frais !

  • As-tu déjà eu envie d'empoisonner quelqu'un avec du Tip-Ex ?

Je mentirais en prétendant n'avoir jamais réprimé une envie inavouable de voir l'existence d'un de mes semblables arriver prématurément à son terme, mais l'idée d'empoisonnement au Tip-Ex ne m'est jamais venue à l'esprit. A tort, sans doute.

  • Es-tu pour ou contre la misère dans le monde ?

Un proverbe chinois dit « On ne rassasie pas un chameau en le nourrissant à la cuiller. »

  • Si tu devais te réincarner en cahier, tu serais plutôt à lignes ou à carreaux ?

Un cahier à carreaux, plus agréable pour gribouiller dans la marge.

  • Selon toi, qui symbolise le mieux les dents blanches dans un monde de dents jaunes ?

Ne faut-il pas se méfier de ceux qui paraissent trop propres, trop lisses et trop brillants ?

  • Quelles célèbres personnalités ont dit : "La vérité est au bout du couloir" ?

Patrick Jane, épisode 13, saison 2, le cadavre était caché au fond du corridor. Il y a aussi Platon, et le fameux mythe du bout du couloir.

  • Si tu étais un roman, comment t'intitulerais-tu ?

Meurtre au Tip-Ex au fond du couloir.

  • Tous les blogueurs sont-ils des gens hyper sympas ?

Celui qui prétend le contraire, qu'il le prouve !

 

  Et voici maintenant la liste des onze questions rédigées par mes soins.

  • Quel est le film le plus ridicule qu'il t'ait été donné de regarder ?
  • De quelle forme de politesse tombée en désuétude rétablirais-tu l'usage ?
  • Quel est le mensonge de politesse que tu prononces le plus souvent ?
  • As-tu une tête à chapeau ?
  • Quelle qualité voudrais-tu voir plus répandue ?
  • Que ferais-tu de 500 euros que l'on te donnerait avec l'obligation de les dépenser dans les trois heures suivantes ?
  • Pourquoi blogues-tu ?
  • Quel spectacle naturel ne te lasses-tu jamais de contempler ?
  • Raclette ou tartiflette ?
  • A quelle question es-tu soulagé(e) de ne pas avoir à répondre ?
  • A quelle superstition reconnais-tu apporter un très léger crédit ?

  Ma chère Ginger nous fera-t-elle l'honneur de partager le fruit de ses réflexions ? Aurons-nous le plaisir de lire également les opinions de Virginie ? Le talentueux Gustave Borjay saura-t-il donner ses lettres de noblesse au genre peu reconnu encore du tag ? Cineman donnera-t-il un éclairage cinéphilique à ces diverses questions ? Enfin, Milie Coquille nous enchantera-t-elle de ses réponses inspirées ?

  Je le souhaite, même si, bien évidemment, cette invitation n'a aucun caractère obligatoire ! Et bien-sûr, si certains veulent répondre dans un commentaire, j'en serai ravie. Au plaisir de vous lire...