dimanche 25 janvier 2015

Tout vient à point...

J'en ai rêvé toute mon enfance, et toute mon adolescence – jusqu'à ce qu'en passant mon bac j'échappe au châtiment annuel. Pendant des années j'ai prié le Ciel, j'ai supplié, j'ai tenté la méthode Coué, j'ai espéré contre toute attente une délivrance providentielle. J'aurais été prête à tout : une fracture du tibia, une peste bubonique, un accident de la route, une tornade force 10 s'abattant sur la maison, un enlèvement par des extraterrestres.

Mais jamais, ô grand jamais, pas une seule année je n'ai réussi à être dispensée de participer à la grand-messe sportive des différents établissements scolaires que j'ai fréquentés. Chaque année, il m'a fallu revêtir un T-shirt informe et un short inélégant, m'aligner parmi une masse d'élèves aussi mal vêtues que moi mais souvent plus sportives, et obtenir, rouge et en sueur, soufflant et peinant, un piètre classement au cross de l'école primaire. Puis au cross du collège. Et enfin au cross du lycée.

Ces mauvais souvenirs sont désormais derrière moi, et croyez bien que tous les désagréments de ma vie d'adulte sont peu de choses face au calvaire du cross annuel – à part peut-être l'épidémie familiale annuelle de gastro-entérite (d'ailleurs cela fait déjà deux articles que je vous en parle, le sujet mériterait-il un article complet ?).

Mais cette année, je me suis rendu compte que mes vœux, mes suppliques, mes prières, mes espoirs, n'ont point été tout à fait vains.

Il leur a juste fallu une vingtaine d'années pour obtenir un effet. Une génération.

En effet, la semaine dernière, pour le tout premier cross de leur scolarité, mes deux aînés sont tombés malades.

C'est un peu dommage, car, contrairement à leur mère, ils attendaient cet événement avec impatience...

Non pas tellement par amour du sport :
c'était surtout à cause du goûter offert aux participants


Vous pensez que si je le souhaite très fort pour moi-même, mes enfants, une fois adulte, seront épargnés à vie par la gastro-entérite ?

jeudi 22 janvier 2015

Le fils de Jacinth

Récemment j'ai fait connaissance d'une nouvelle voisine, slovaque d'origine, mariée à un français, arrivée de Dublin avec ses enfants – trois garçons - de l'âge des miens, et je l'ai invitée à prendre un café. Quelques semaines plus tard, elle m'a rendu l'invitation et j'ai sonné à sa porte, avec ma fille de deux ans et mon bébé dans les bras.

Jacinth – c'est le délicat prénom qui est le sien – nous a fait rentrer dans son appartement meublé encore de façon assez rudimentaire.

     - Asseyez-vous Albane, il doit être lourd le baby. OK, je vais chercher le café.

Jacinth parle un français compréhensible mais encore un peu maladroit et émaillé de mots anglais.

Je me suis assise sur le canapé clic-clac – pas pour longtemps. Sous la housse l'assise, complètement défoncée, s'est effondrée sous mon poids et j'ai dû faire effort pour m'en extirper.

     - Oh yes, le sofa est... tout abîmé. Ce sont les enfants, ils ont sauté dessus...

Le plus jeune des enfants de Jacinth, âgé de trois ans, les cheveux blonds coiffés au bol et dont la frange retombe lourdement jusqu'aux sourcils, était planté devant un dessin animé.

     - Asseyez-vous. Oh, sorry, la chaise est tout abîmée, c'est lui qui a fait ça.

Je me suis assise sur le siège en question dont, en effet, l'assise avait été totalement éventrée.

     - Oh, OK, je vais chercher des jouets pour les enfants.

Jacinth est revenue avec une imposante caisse remplie de jouets divers qu'elle a posée sur le tapis au milieu de la pièce. Son fils s'est approché, délaissant l'écran de télévision, et je me suis levée pour inciter ma fille à s'amuser avec son nouveau camarade de jeux déjà en train de fouiller parmi les jouets auxquels j'ai jeté un coup d'oeil.

Le spectacle m'a glacée d'effroi.

J'ai pourtant l'habitude des jouets de garçon, mais jamais je n'avais vu une telle collection d'horreurs. Il n'y avait que monstres articulés, dinosaures à l'allure féroce, robots effrayants, créatures répugnantes, armes diverses et figurines repoussantes. A grand peine j'ai réussi à extirper pour ma fille une petite voiture dans un état correct, ainsi qu'une tortue verdâtre qui m'ont paru être les seuls jouets ne présentant pas le risque de traumatiser à vie un enfant, et je suis retournée encore un peu tremblante prendre mon café et écouter Jacinth me parler de son benjamin.

     - Il est très dur. C'est difficile avec lui, so... je ne sais pas comment faire. Il ne parle pas, mais il crie beaucoup, and... il n'obéit pas.

Je manque d'avaler mon café de travers. Une migale poilue vient de tomber dans ma soucoupe, projetée par le gamin qui s'est mis en tête de me présenter ses jouets favoris. Tour à tour, ce sont un frankestein amputé du bras droit, un tyrannosaure rex et un serpent articulé qui surgissent sous mes yeux, agités par le fils de Jacinth, qui finit par se planter silencieusement devant moi le visage recouvert d'un masque de tête de mort.

     - Please, laisse-nous prendre le café, lui dit sa mère, que ce genre de manifestation n'a pas l'air de surprendre.

Le garçonnet retourne à ses jouets qu'il répand sur le tapis, pendant que j'essaie d'empêcher ma fille, assise sur mes genoux, de regarder le dessin animé – vous savez, la scène de Toy Story où un gamin dégénéré mutile les jouets en montant la tête d'innocentes poupées décapitées sur d'atroces araignées télécommandées.

Gentiment, Jacinth propose à ma fille et à son fils de manger quelque chose. Ma fille grignote quelques biscuits, et je décide de prendre congé de notre voisine. Son fils, lui, en est à sa quatrième danette engloutie en cinq minutes.


Et je suis partie, laissant Jacinth à ses occupations, et me demandant ce que ma fille avait pu penser de ce moment. Je lui ai alors demandé : 

     - Il est gentil, Attila ?

Parce que, j'ai oublié de vous dire, cet enfant se prénomme Attila.


Oui, c'est bien cela, comme Attila, le Fléau de Dieu...


mardi 20 janvier 2015

Plus d'excuse (et meilleurs vœux) !

Voici un moment que je remets à plus tard mon retour sur ce blog. Mais voilà, je voulais tout d'abord finir mes courses de Noël, puis réserver mes vacances d'été 2015, puis j'ai attendu d'avoir soigné la bronchite du petit dernier, fait les soldes et défait le sapin. J'ai encore de la couture qui m'attend, le raccommodage qui s'accumule, mon album photo 2013 et 2014 en retard, et puis j'aimerais envoyer mes vœux, nettoyer ma plante verte, ranger mes placards, passer des coups de fil, prendre rendez-vous chez mon dentiste (bon je l'avoue, cela fait six mois que cette tâche-ci est inscrite sur ma liste...).

Et je ne vous parle pas de 2015 avec une première semaine "gastro-entérite spéciale famille nombreuse" suivie d'une seconde semaine "tuyauterie bouchée – plus d'évier ni de lave-vaisselle et voilà que le four tombe en panne au beau milieu de la cuisson du gâteau d'anniversaire de notre aîné" (mais que nous réserve la troisième semaine ?).

Mais jeudi dernier, j'ai brutalement pris conscience qu'aucune de toutes ces mauvaises raisons ne pouvait justifier plus longtemps mon silence bloguesque.

Car jeudi dernier, je recevais une amie pour un café, et cette amie m'a donné des nouvelles d'une connaissance commune, Bertille, que j'ai perdue de vue depuis qu'elle a quitté le quartier.

Bertille n'a peut-être pas de blog (et encore, je l'ignore), mais elle a trente ans, quatre enfants de moins de sept ans, un mari qui travaille à plein temps, pas de femme de ménage, et une licence de physique-chimie passée il y a dix ans.

Mais, alors que moi-même, je me laisse pitoyablement dépasser par une pile de repassage et un évier bouché, Bertille, elle, ne se laisse pas aller.

Elle vient même tout juste de commencer ses études de médecine.


Courage Bertille, plus que neuf ans...

Alors de grâce, je vous le demande, s'il se produit à nouveau que je passe trop de temps sans vous donner de nouvelles, envoyez-moi un petit mail, et rappelez-moi que pendant le même temps Bertille aura potassé 36 planches d'anatomie, révisé son immunologie et effectué deux cent quarante deux heures de garde à l'hôpital (sans oublier de faire ses courses et de s'occuper des devoirs de ses enfants).


Et en attendant, puisque voilà vingt jours que je remets cette tâche au lendemain et puisqu'il en est encore temps, je vous présente à tous mes meilleurs vœux pour 2015 - que l'année vous donne tout le nécessaire, et encore un peu de temps pour le superflu (ou serait-ce l'essentiel ?)

Bonne année à tous !