jeudi 28 novembre 2013

Où il est question de chance

L'avantage, quand vous rencontrez une situation telle que celle de perdre un enfant (pendant vingt minutes), c'est que par la suite, vous voyez avec davantage de recul les menus incidents qui émaillent votre vie quotidienne, et vous trouvez, par exemple, que finalement il n'est pas si dramatique que votre cadet ait égaré son sac de goûter (fait main) ou que votre aîné ait perdu son sac de billes et tout son précieux contenu.

Justement, hier après midi, ce dernier, de retour à la maison, me montre son manteau d'hiver maculé d'une drôle de tache marron, positionnée juste sur la poche, et dont je devine l'origine en respirant son parfum caractéristique : une des nombreuses crottes de chiens qui ponctuent agréablement notre chemin de la maison à l'école. Comment a-t-elle pu se retrouver là, sur la poche droite, je l'ignore, la faute sans doute au traîné-de-manteau-par-terre-dans-l'entrée, art dans lequel mes enfants sont passés maîtres.

Je m'en vais frotter la tache dans la salle de bain ; cela tombe bien, en général, comme beaucoup de mères de famille, je n'ai guère d'occupation précise entre 17 et 20 heures.

Je commence par vider la poche en question, retirant les gants qui y sont rangés et je commence mon entreprise de nettoyage. Un cliquetis se fait entendre. Pourtant la poche est bien vide, je le vérifie. Mais le bruit se reproduit. J'avise alors, derrière l'ouverture principale, une discrète fermeture éclair que je m'empresse d'ouvrir, découvrant une poche secrète d'où j'extirpe le fameux sac de billes perdu par mon fils depuis déjà deux mois.

Vous imaginez la joie de ce dernier.

Comme quoi, s'il est bien connu que marcher dedans porte chance, je suis convaincue que se rouler dedans peut, plus encore, apporter le bonheur. A condition de prévoir une bonne éponge.



Tandis que se rouler dans un champ de trèfles à quatre feuilles, c'est plus rare
 
 
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dimanche 24 novembre 2013

Le jour où mon fils est devenu le héros de l'école

Je ne prétends pas que mes enfants soient exceptionnels (comme tout parent, je dois me défendre contre cette idée fausse hélas trop naturelle), mais, l'autre soir, en l'espace de quelques heures, mon fils aîné est devenu le héros de l'école.

Comme pour tous les héros, cela lui est tombé dessus malgré lui, plutôt comme une malédiction que comme un privilège, dans la douleur et dans les larmes, dans la solitude et l'affliction, un peu comme quand Superman découvre qu'il vient de la planète Krypton et qu'il ne sera jamais semblable aux autres hommes, ou quand Peter Parker se fait piquer par l'araignée mutante qui le transformera en Spiderman.

Pourtant, quelle gloire dès le lendemain dans son école ! Pas de Une tapageuse au Daily Planet ou au journal de 20 heures, mais le récit s'est propagé comme une traînée de poudre dans la petite école que fréquentent mes enfants. « C'est vrai ce qu'il a fait Xxxx ? » m'a demandé, pleine d'admiration, la jeune Aglaé qui pourtant n'a peur de rien ni de personne. La grand-mère qui, à côté de moi, venait chercher ses enfants, a failli s'évanouir d'effroi quand elle a entendu ma réponse affirmative et m'a lancé un regard horrifié. « J'ai appris ce qui s'est passé hier pour ton fils ! » se sont exclamées aussi une dizaine de mamans de ma connaissances, informées par leurs propres enfants. Quant aux enseignants et au personnel de l'école, beaucoup m'ont demandé des détails sur l'événement, et la directrice elle-même est venue dans la classe de mon fils aîné pour en faire le commentaire officiel.

L'héroïsme est toujours mal compris et mal jugé. L'opprobre tombe sur le héros dont le comportement admirable, mais incontrôlable, suscite la peur et l'inquiétude. Moi-même, en tant que mère, je préfèrerais qu'un tel épisode reste isolé, et des mesures ont été prises dans l'école pour qu'il ne se répète pas. Les parents prennent soin de tenir leur progéniture par la main ou sous leur regard, avec plus de vigilance qu'auparavant. Dans le regard de la directrice, à la porte de l'école, à l'heure de la sortie des classes, je note comme une lueur inquiète qui me rappelle le visage figé d'anxiété que le comportement de mon fils avait causé le soir de ses exploits.

Tout s'était passé en moins de temps qu'il n'en faut à Spiderman pour bondir d'un gratte-ciel à un autre. J'étais en train de discuter, l'espace de deux minutes, avec une amie, dans la cour de l'école, quand j'ai réalisé que mon fils aîné, âgé de six ans, avait disparu. Je l'ai cherché des yeux dans la cour, puis dans les bâtiments (il n'avait pas pu sortir puisque la directrice veille à ce que les enfants ne quittent pas l'école seuls) puis dans la cour à nouveau, puis dans sa classe (et quand bien même la directrice l'aurait laissé sortir, il ne lui serait pas venu à l'esprit de rentrer seul à la maison) puis aux toilettes des CP, puis à l'étude, puis dans la cour encore. J'ai alerté la directrice, les parents que je voyais encore dans l'école, les enseignants, nous avons refait le tour de l'école. Quinze minutes étaient passées et il restait introuvable.

La directrice a pris sa voiture pour quadriller le quartier, je suis rentrée en direction de la maison, franchissant au pas de course les six cents mètres qui la séparent de l'école, traversant l'immense boulevard où les voitures roulent à soixante à l'heure, les rues passantes et les couloirs de bus, parcourant les ruelles étroites et désertes qui mènent à notre résidence et où tant de choses pourraient arriver à un enfant perdu et seul. 

Je suis arrivée à la maison. Mon fils y était arrivé quelques minutes avant moi. En larmes et le cœur battant, m'ayant perdue de vue dans la cour de l'école, ayant échappé au contrôle de la directrice à la porte de l'établissement, persuadé que j'étais rentrée sans l'attendre (ce qui m'arrive rarement, je vous assure) – mais s'arrêtant aux feux, traversant aux passages piétons et arrivant finalement, sans encombre, au domicile familial.

Les plus grands événements sombrent dans l'oubli et celui-ci ne manque pas à la règle. Mon fils a repris sa place à côté de moi sur le chemin de l'école où il obéit docilement à mes injonctions, et plus personne ne songe à évoquer la soirée où il est rentré seul à la maison.

Une seule personne, pourtant, en subira, je crois, les effets collatéraux jusqu'au début du mois de juillet : mon fils cadet, dont la maîtresse, échaudée par l'histoire de son frère aîné, lui répète chaque jour, et plusieurs fois par jour, qu'il ne doit surtout pas partir sans sa maman.

Après tout, ces choses-là sont peut-être génétiques...
 

 
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jeudi 14 novembre 2013

Où l'on parle figures de style et lunettes de WC

Ce qui est bien quand on tient un blog, c'est qu'on se fait des amis, des amis qui viennent de loin pourtant, que vous n'avez jamais vus, mais qui n'hésitent pas à téléphoner en vous disant « je passe près de chez toi, tu m'offres le café ? », qui portent des noms compliqués qui vous rappellent vos cours de français et qui vous rappellent aussi que vous avez un peu oublié ce que c'est qu'une Anacoluthe (alors qu'une blogueuse qui s'appellerait oxymore, en revanche, il se trouve que par hasard je me souviens encore de ce que cela veut dire), avec qui vous parlez de vos enfants et de vos blogs, de leur naissance, de leur croissance et des projets que vous formez pour eux (vos enfants et vos blogs).

Et puis il y a des blogueurs que vous n'avez pas encore rencontrés, mais avec qui vous communiquez depuis quelques temps par commentaires interposés et par mails, et qui finissent par devenir des amis, des amis dont vous aimez avoir des nouvelles – de leurs vacances, de leur déménagement et de leur famille –, des amis qui réciproquement ont la gentillesse de s'intéresser aux menus événements de votre vie.

Parmi ceux-là, il y a Alphonsine. Alphonsine a eu récemment un geste qui m'a beaucoup touchée, une pensée pour moi au beau milieu de ses courses utilitaires dans un magasin de bricolage, où, lâchant son caddie plein de transformateurs électriques helvètes et d'appareils à fondue, elle est allée jusqu'à prendre des photos qu'elle m'a adressées ultérieurement par mail, sachant combien le sujet me tient à cœur. Admirez :

 Imaginez mon émotion...


Bucolique et montagnarde, la préférée d'Alphonsine
 
Tout le charme de la blogosphère est là : de belles rencontres et... d'inoubliables découvertes !
 
 
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lundi 11 novembre 2013

Allo, c'est Tante Claudine

Samedi, le téléphone a sonné pendant que je préparais le déjeuner, j'ai laissé mon mari prendre. Trois quarts d'heure plus tard, le voilà de retour au salon, l'air épuisé, se frottant les tempes énergiquement, et poussant un long soupir en reposant le combiné.

C'était Tante Claudine au téléphone.

Tante Claudine avait encore beaucoup à raconter, imaginez donc : elle venait d'assister à l'enterrement du parrain de son mari dont nous savions qu'il était en mauvaise santé. Mon mari ne connait pas cet homme, mais désormais nous savons tout de ses funérailles : le nombre de fleurs et de couronnes, la présence d'un ou deux conseillers municipaux, et surtout les lamentations de la veuve au moment de la mise en terre.

« Cela a été très dur pour Oncle Maurice, a rajouté Tante Claudine. Figure-toi qu'il était allé à l'hôpital rendre visite à son parrain, et qu'une heure après, ce dernier était mort. »

Oncle Maurice et Tante Claudine, qui étaient voisins du défunt, ne lui rendaient visite qu'exceptionnellement, mais Tante Claudine a tout de même conclu, avec peut-être une légère pointe d'égocentrisme :

« C'est à se demander s'il n'attendait pas la visite d'Oncle Maurice pour partir... »

Mon mari a demandé des nouvelles de Marc : vous vous souvenez que le pauvre a été amputé d'un bras ; depuis il suit un programme de rééducation non loin du domicile d'Oncle Maurice et Tante Claudine.

« Marc, eh bien nous l'avons reçu à déjeuner à la maison. »

Il faut savoir que Tante Claudine et Oncle Maurice n'ont jamais reçu personne. Ni la sœur d'Oncle Maurice, qui habite à deux pas, célibataire, isolée et souffrant de dépression, ni le parrain défunt d'Oncle Maurice, ni même, lorsqu'ils étaient encore de ce monde, les parents de Tante Claudine, eux aussi voisins immédiats – peut-être pour un café le premier janvier, mais c'est tout, et encore, pas tous les ans.

Je n'ose imaginer ce qui a valu à Marc le privilège d'être introduit dans la demeure d'Oncle Maurice... Ce n'est tout de même pas parce qu'il lui manque un bras ?
 
 
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lundi 4 novembre 2013

Ginger, entre quatre murs

Vous vous en souvenez, j'ai eu la chance dernièrement de participer à un dîner de blogueurs chez Ginger qui nous a ouvert les portes de son appartement que j'ai découvert alors pour la toute première fois.

Ginger, vous la connaissez comme moi : c'est une jeune fille blonde (physiquement), aux doigts verts, passionnée d'histoire et d'Audrey Pulvar, qui porte un chapeau, se pose des questions existentielles et surtout nous fait tous bien rire, ce qui n'a pas de prix, surtout par les temps qui courent où les blogs sont peut-être le dernier rempart contre la société de consommation et la dernière chose qui nous reste après avoir réglé nos impôts.

Bref, Ginger, c'est une fille qui a un cœur gros comme un écran 17 pouces et qui nous met le sourire aux lèvres dès le matin quand elle publie ses articles à 7h30 précises (parce qu'en plus elle est ponctuelle).

Tout cela est très sympathique, mais, dans les faits, cela ne nous avance guère. Qui est vraiment Ginger ? Dort-elle avec son chapeau ? Est-elle plutôt blonde platine ou blonde cendrée ? Juilletiste ou aoûtienne ? Se montre-t-elle drôle dans toutes les circonstances de sa vie ou seulement à 99 % ? Travaille-t-elle dans un cirque ou sur un open space ?

Le mystère reste entier. C'est pourquoi je me permets aujourd'hui de lever un peu le voile sur une partie de l'univers de Ginger, à savoir les quelques dizaines de mètres carrés qui constituent son logement et que, avec son aimable autorisation, je vous emmène visiter avec moi.

Ginger occupe un appartement fort bien situé à deux pas d'un monoprix (vous le savez déjà), dans un immeuble parfaitement équipé en boîtes aux lettres, ascenseur et digicode. Pas de paillasson à l'entrée, ce qui nous renseigne déjà sur un point : Ginger a toujours la semelle propre, ou bien sinon elle s'essuie sur celui des voisins.

L'appartement de Ginger est coquet et l'on s'y sent bien, d'autant qu'il est peuplé de tout un tas de blogueurs (en tout cas la seule fois que j'y suis entrée), et que la présence d'autres blogueurs, malheureusement absents ce soir-là, était toutefois rappelée dans la décoration.



Les oiseaux en tissu, un cadeau d'Alphonsine
 
On en apprend beaucoup sur les gens en pénétrant chez eux. C'est ainsi que je peux vous affirmer que Ginger a toujours bien chaud au cou, qu'elle collectionne les bougies chauffe-plat et qu'elle se passionne pour les coquillages et crustacés.



Cela fait longtemps que Ginger n'a pas joué au ping-pong



La collection d'écharpes de Ginger



Un souffle d'air marin dans la salle de bain de Ginger
 
Enfin, je terminerais par cette photo qui synthétise, en quelques pixels, l'essentiel de la personnalité de Ginger, working girl sportive, connectée, aimant la nature et les tapis de sol.
 

Ginger, une femme accomplie
 
Vous savez tout, désormais, ou presque, sur Ginger, tout, sauf, bien-sûr, et comme moi d'ailleurs, le sujet de son prochain billet.... Rendez-vous un de ces quatre matins à 7h30, j'espère !
 
 
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