dimanche 4 mars 2012

Répertoire téléphonique

  Mon mari vient lui aussi de changer de téléphone pour un appareil décrit comme « communiquant » (on se demande à quoi servait les précédents, à faire des mots croisés peut-être ?). Hier soir je l'ai généreusement aidé à copier tous les numéros de son répertoire sur sa carte SIM afin qu'il puisse les transférer sur le nouveau mobile.

  Afficher, copier dans la carte SIM, afficher, copier dans la carte SIM, afficher... les noms défilent les uns après les autres, inconnus de moi pour la plupart : collègues et relations professionnelles. Parmi eux se glissent quelques noms connus : famille proche, famille plus éloignée, amis d'enfance, amis de toujours, connaissances récentes, anciens gardiens, quelques commerçants, amis perdus de vue, quelques amies à moi aussi. Plusieurs strates amicales et familiales cohabitent, l'ordre chronologique de leur présence dans la vie de mon mari – et la mienne – dissous dans l'ordonnancement alphabétique du répertoire.

  Surgissant entre deux patronymes inconnus, certains noms évoquent d'un seul coup tout un tas de souvenirs, toute une époque – une résidence étudiante, un stage, une ville, une région. Beaucoup de numéros doivent être périmés d'ailleurs, comme les relations qui liaient Monsieur, et moi éventuellement, à leurs propriétaires. Je les copie tout de même, il ne me revient pas d'entériner leur disparition.

  D'autres numéros apparaissent, ultime trace visible de certaines amitiés que j'ai eu le regret de voir se dénouer. A voir ces dix chiffres s'afficher sur l'écran, je me remémore avec un pincement au cœur dans quelles circonstances ils avaient pu être composés : pour annoncer une naissance, pour joindre sur la route des amis qui nous attendaient, pour garder contact pendant des vacances...

  Il y a bien-sûr tous les numéros composés régulièrement, canaux d'affection et d'amitié. Mais aussi les numéros que l'on ne compose jamais et qui permettent simplement de voir s'afficher en cas d'appel le nom d'un correspondant indésirable afin d'éviter les mauvaises surprises en décrochant...

  Tiens, qui est cette Louise que je ne connais pas ? Ah, bien-sûr, c'est le patronyme du patron de Monsieur. Il vaut mieux ne pas avoir un tempérament jaloux pour effectuer ce genre de besogne.

  X, Y, Z. La liste arrive à son terme : deux cents individus que, pour la plupart, je ne connais pas, deux cents personnes qui, pour la plupart, ne se connaissent pas. Le petit monde qui, sur les ondes téléphoniques, entoure mon mari.

  Avant d'éteindre l'appareil, je vérifie rapidement si les deux numéros essentiels ont bien été copiés : oui, « Maison » et « Pizzas à emporter » suivront mon mari sur son nouveau mobile. Mission accomplie.

5 commentaires:

  1. j'ai moi aussi certains numéros que je ne peux me résoudre à effacer. numéros d'amies perdues de vue, Numéros qui ne servent à rien mais qu'on ne veut pas effacer, car cela reviendrait à tout réduire vraiment à néant. Au moins on garde les souvenirs.

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  2. Celui qui prête son téléphone n'ai rien à cacher ; Louise est bel et bien un alias...

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  3. Période téléphoniquement intense pour vous dites-moi !

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  4. Bien sûr, le patronyme du patron...

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  5. <a href="http://5 mars 2012 à 16:20

    Mon mari a un autre collègue qui s'appelle Sébastien de son nom de famille. Ca prête moins à confusion.

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