mercredi 2 mai 2012

Quoi de neuf ?

Nous avons tous une vie bien remplie, des activités variées, des sujets de préoccupation, des soucis et des satisfactions. Pourtant, je l'ai encore constaté hier lors d'une conversation téléphonique avec une amie, que j'ai deux ou trois fois par an au bout du fil, il est parfois difficile d'extraire beaucoup de faits saillants de sa vie quotidienne.

- Alors, les enfants vont bien ?

Avec des intimes, des parents, des amis très proches, avec qui vous vous entretenez régulièrement, vous avez toujours de quoi raconter. Le petit est monté au toboggan pour la première fois, le grand fait des constructions, le deuxième a eu un peu de fièvre. Autant de détails que vous vous passerez de rapporter à un malheureux interlocuteur à qui vous n'avez pas donné de nouvelles depuis longtemps. Vous vous efforcez alors de prendre un peu de recul sur les événements des mois passés. Et vous vous rendez compte que vous n'avez rien à dire.

- Euh, eh bien ça va, euh, le grand a cinq ans, il grandit, le deuxième aussi, trois ans, il change, le petit vient de fêter ses deux ans, il pousse.

Selon l'inspiration, vous pouvez ajouter la classe fréquentée par vos enfants et leur taille, et ajouter en vous exclamant “Le temps passe vite !”. Mais en dehors de ces caractéristiques objectives, vous renoncez à exposer par le menu le développement et la croissance de vos enfants qui suivent en cela globalement le même rythme de progression que les autres.

- Et toi, ça va ?

C'est pareil. Pire, même, parce qu'en général vous ne grandissez plus et vous n'éprouvez pas le besoin de rappeler votre âge. A moins d'avoir déménagé récemment, changé de travail, traversé une grave maladie, ou tout autre nouveauté, vous vous creusez le crâne pour trouver ce qui mérite d'être ajouté par rapport à votre dernière conversation.

- Euh oui, ça va, un petit rhume le mois dernier, mais ça va, rien de très nouveau en fait, tout va bien.

- Et professionnellement, quoi de neuf ?

- Euh professionnellement, toujours comme avant, beaucoup de travail en ce moment, mais c'est intéressant, ça va.

Vous venez de noircir trois pages de journal intime si vous en tenez, de blog si vous en alimentez, mais là, vous séchez complètement. La peur d'ennuyer votre auditeur avec des détails qui n'ont d'importance que pour vous, la crainte de paraître envahissant ou profondément égocentrique vous arrête net. Il ne vous reste plus qu'à parler du temps qu'il fait. Vous le saviez déjà, vous menez une vie extraordinairement banale, et à l'autre bout de la ligne votre interlocuteur, sans le vouloir, vient de vous le rappeler.

5 commentaires:

  1. C'est une fois encore très juste. Je réserve tous les trucs inintéressants à mon blog et n'appelle plus personne, comme ça, c'est réglé.

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  2. Je propose le rétablissement de la peine de mort pour ceux qui s'avisent de poser cette question ! La dernière fois que ça m'est arrivé, mardi dernier pour être exacte, j'ai débité des platitudes sur le temps qu'il fait, oh non, on n'a pas été gâté ces derniers jours mais ça a l'air de s'améliorer doucement, peut-être qu'on va avoir un beau week-end... J'ai vécu le reste de la journée avec une image hyper dévalorisée de moi (je me remets à peine à l'instant où j'écris ces lignes...).

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  3. <a href="http://2 mai 2012 à 19:58

    Je le prends comme un compliment, alors.

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  4. Quitte à ennuyer l'autre, autant finalement lui parler de ce qu'on veut, longuement, histoire qu'il comprenne qu'il y a certaines question à ne pas poser. Je propose comme sujet les factures téléphoniques, le mode de paiement des impôts ou encore les problèmes de selle des enfants.

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  5. Une de mes filles a découvert le nom de ton blog est s'est exclamée : "c'est un titre génial !" L'extraordinaire banalité de nos vies n'est passionnante qu'au jour le jour. Il est bien vrai que lorsqu'il faut en parler avec un peu de distance, on a tendance à oublier les faits saillants qui font que notre quotidien est exaltant. Et puis, je reconnais avoir un peu de chance : comme j'ai 6 enfants, je peux tenir un peu plus longtemps pour raconter leur vie.

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