jeudi 30 mai 2013

La pédagogie pour les nuls

Je crois bien que c'est la lecture des confessions de la blogueuse Sous les galets, et en particulier la troisième d'entre elles, qui m'a fait repenser à ces heures un peu trop nombreuses passées à apprendre à conduire. C'était il y a dix ans.

Ce qu'il y a de bien, c'est que ces douloureuses leçons, de nuit, dans les embouteillages parisiens, au volant d'une 207 blanche, ne m'ont pas appris qu'à conduire. Grâce à elles, il y a deux choses que j'ai découvertes :

  • les qualités du conducteur parisien qui est patient, aimable et compréhensif, jamais pressé et dont le langage châtié est des plus fleuri.
  • l'art de la pédagogie.Pour le premier point, je vous laisse faire deux ou trois tours de périphérique pour vérifier mon point de vue si vous ne le partagez pas déjà.

Concentrons-nous sur le deuxième point.

C'est un hommage vibrant et ému que je m'apprête à rendre à mon inoubliable moniteur d'auto-école. Certes, il m'a appris à allumer mon clignotant et à passer la marche arrière ; à me ranger en bataille et à m'insérer sur l'autoroute.

Mais, sur la longue route de la vie, tout cet apprentissage est peu de chose comparé au savoir suprême qu'il m'a transmis, par son seul exemple, en matière de pédagogie.

Nous avons tous un jour ou l'autre à faire preuve de pédagogie – vis-à-vis de nos enfants si nous en avons, de l'employée du guichet de la Sécurité Sociale ou de nos animaux de compagnie par exemple –, aussi j'ai pensé qu'un petit résumé, hélas non exhaustif tant la sagesse pédagogique de mon maître était complète, vous intéresserait.

 

Le bon pédagogue ne perd pas son temps en apprentissages idiots

Ce devait être ma troisième leçon de conduite (la première ayant été consacrée à remplir un questionnaire destiné à évaluer le nombre de leçons nécessaires pour obtenir mon permis, la seconde à apprendre à boucler ma ceinture et régler mon rétroviseur – et on se demande encore pourquoi passer son permis coûte si cher).

Mon moniteur m'emmène dans une rue déserte. Un poids-lourd est garé le long du trottoir, environ deux cents mètres plus loin.

« Tu vois le poids-lourd, Albane ? Alors ce que je te demande, c'est de démarrer en direction du camion, d'appuyer à fond sur l'accélérateur, et tu attends que je te le dise pour piler. Pas avant. D'accord ? »

J'ai foncé, j'ai pilé, et je me demande encore maintenant à quoi cela a servi.

 

Le bon pédagogue est progressif

Plusieurs dizaines de leçons plus tard, mon moniteur me trouve le niveau suffisant pour aborder le point culminant de la formation : le démarrage en côte.

« Tu vois cette toute petite rue en pente très très raide, à peine plus large que la voiture, qui tourne à peine deux mètres plus loin à angle droit dans une toute petite rue à peine plus large que la voiture ? Eh bien c'es ici que tu vas apprendre à faire un démarrage en côte. D'accord ? ».
Dix heures d'échecs et d'insuccès (toujours aussi rentables pour son auto-école). Toujours apprendre le plus difficile avant le plus facile, cela va de soi.
 

Le bon pédagogue est un fin psychologue

 

J'aurais certes dû manifester une rébellion plus conséquente à ses méthodes d'enseignements, dans les faits je me contentais d'arborer un visage de plus en plus fermé et hostile à chaque leçon.

« Ça va, Albane, j'ai l'impression que tu n'es pas en forme, tu as des problèmes en ce moment ? »

C'était déjà bien de sa part de s'être rendu compte de l'existence d'un léger malaise.

 

Le bon pédagogue est plein de tact

Quelques cours plus tard, mon moniteur se décide, sans me prévenir, à me faire rouler pour la première fois sur l'autoroute, et me demande de prendre la direction d’Évry.

« Ah ah ah, Albane ! J'ai vu, tu as pâli d'un coup en voyant Évry indiqué sur un panneau bleu ! Je t'ai vue ! Ah ah ah ! Tu es toute blanche !»

Je ne me souviens pas avoir trouvé cela très drôle.

 

Le bon pédagogue est encourageant

Deux ou trois cours avant la date prévue pour le passage de mon permis, mon excellent moniteur dresse le bilan de la leçon qui se termine :

« C'est bien, Albane, on voit que tu progresses, avant tu faisais tellement d'erreurs que je n'arrivais pas à les compter, aujourd'hui tu n'en a fait que six. »

Sur le coup je n'ai pas très bien compris s'il s'agissait vraiment d'un compliment.

 

auto-ecole

L'école de la vie...

 

Et vous, quels souvenirs d'auto-école ?

 

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9 commentaires:

  1. Tu sais que je me sens moins seule d'un coup!!Tu as eu une star chez les moniteurs d'auto école dis donc. Moi j'ai appris à conduire à Quimper, je suis donc une pro des ronds-points (rond-points?), pour le reste, il a tout raté avec moi, 15 après je rate encore mes créneaux!!!

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  2. J'ai eu une super gentille monitrice d'auto école. Douce gentille... trop gentille; Elle me faisait m'arrêter sur le bord de la route pour me montrer des photos de sa petite fille ! Ceci dit, elle a pleuré avec moi quand j'ai raté mon permis la première fois. Ensuite, je me suis mariée, et mon mari a complété une formation trop sommaire... j'ai des souvenirs impérissables de freinages sur un parking vide un soir. Je rate rarement un créneau, même avec le 9 places et j'aime conduire. c'est l'essentiel, vu le temps que je passe sur la route !

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  3. Dans le même style qu'Alphonsine : pour ma première leçon, un gentil moniteur (nan, plutôt un vieux macho) m'a emmenée en pleine campagne (au secours !!), m'a fait prendre sa place, et ... E.T. rentrer maison !! Quand on n'a encore jamais mis ses fesses à la place du conducteur et que l'auto-école se situe en pleine ville (oui parce que la campagne, c'est pô le pire ...) ... ben ça laisse des souvenirs impérissables une trentaine d'années après !

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  4. Chez moi, le moniteur était plutôt bien, c'est moi qui avait une incompatibilité d'humeur avec la voiture. Mes chakras se refermaient systématiquement. 50 heures de conduite et 2 ans de conduite accompagnée plus tard j'ai eu mon permis à la 3e tentative. Depuis, je fais partie des conducteurs prudents, très prudents...

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  5. Moi, je suis vieille, j'ai appris avec des méthodes qui en valaient la peine. Première heure : on boucle la ceinture, on met le moteur en marche, on a droit à aucune pédale (j'ai râlé et il m'a donné l'accélérateur, du coup j'ai exigé le frein, et je l'ai eu), et nous sommes partis dans la campagne : 90 km/h avec des virages. J'ai eu peur mais n'en ai rien montré. Un démarrage en côte (pente à 45° au moins. Aujourd'hui, la pente est moins raide : 40°) qu'il a fait, moi au volant ! Deuxième heure : tous les accessoires (passer les vitesses aussi). Après 18 heures, j'ai passé mon permis. Je fais des créneaux incroyables (des gens s'arrêtent pour m'admirer, mais je fais la modeste !). En fait, j'ai adoré apprendre à conduire, et j'aime ça. Je pense que c'est ce qui fait la différence. Mais en voyant ma fille, je peux t'assurer qu'elle a passé ses cours dans les mêmes conditions que toi !

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  6. Mon 1er moniteur était spécialiste du permis moto et il me l'a fait bien sentir : trop lent. Je me suis braqué, et j'ai changé au bout de 10 heures. Le deuxième était le spécialiste des cas désespérés et j'étais trop compliqué pour lui... Le 3ème, Guy, était un mec calme, posé et patient, j'ai eu mon permis du 1er coup : pédagogie adaptée au candidat. Bon, d'accord, j'ai raté le Code, une fois, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même...

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  7. Il est trop lol ce mono !

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  8. <a href="http://2 juin 2013 à 18:06

    Sympa Ramdane ! Pas trop alcoolisées, les fêtes, j'espère... 

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