jeudi 24 octobre 2013

10 ans après

Nous étions une douzaine, c'était l'année de nos vingt ans, (vingt et un pour les plus âgés), nous faisions partie d'une même association étudiante. Nous nous sommes dispersés, plus ou moins perdus de vue, et dix ans ont passé.

Il y a quelques semaines j'ai reçu un mail me conviant aux retrouvailles des anciens de l'association à l'occasion de son dixième anniversaire.

Je n'ai pas été en mesure de m'y rendre, mais j'ai reçu récemment dans un mail les photos de la rencontre, et j'ai lancé le diaporama, curieuse de revoir les visages de ces personnalités dont j'avais été très proche l'espace de quelques mois.

Parmi les participants à la réunion, il y avait Paul. Je ne l'ai même pas reconnu. J'en gardais le souvenir d'un post-adolescent maigrichon et réservé, les cheveux longs noués en queue de cheval, vêtu d'un T-shirt informe. Sur les photos, j'ai découvert avec plaisir un trentenaire souriant, à la stature normale, aux cheveux courts et à l'air épanoui.

Et puis il y avait Fabrice et Véronique, son épouse – que je connais depuis dix ans aussi puisqu'elle faisait partie du même groupe d'amis –, accompagnés de leurs deux petites filles. Véronique posait, souriante, le regard décidé derrière ses petites lunettes carrées, visiblement très satisfaite de sa situation personnelle. Un peu en retrait, Fabrice au contraire m'a eu l'air d'avoir pris, non pas dix, mais vingt ans : le visage émacié, l'air renfermé, presque triste, sans aucun trait du caractère un peu enjoué que je lui connaissais, le tout renforcé par le grisonnement prononcé de ses cheveux, comme si l'épanouissement de l'une s'était manifesté au détriment de l'autre...

Il y avait aussi Mathieu, le crâne un peu dégarni, mais plein d'assurance, arborant un sourire satisfait et des lunettes de soleil – malgré le temps gris – , les mains dans les poches, présent physiquement, mais paraissant ailleurs, comme absorbé dans une contemplation infinie... de lui-même ?

J'ai bien reconnu Thomas, qui a peu changé, mais il faut dire que Thomas a toujours fait un peu vieux, d'ailleurs à l'époque ne l'appelions-nous pas déjà « Papi » ?

Il y avait aussi Nicolas et Séverine, l'éternel jeune couple rentrant à peine de deux années passées dans l'humanitaire à l'étranger, mais, dans leur cas, j'ai été surprise de prime abord non par leur évolution mais plutôt par le fait qu'ils n'avaient pas changé du tout. A y regarder de plus près, Séverine, elle, accuse la décennie passée, son visage s'est un peu élargi, un peu alourdi. Mais Nicolas, lui, semble sorti directement de mes vieilles photos d'étudiante, avec son polo gris et un pull qu'il aurait tout à fait pu porter alors, sa façon de ne pas se tenir très droit et son sourire un peu indéterminé... Il pourrait se confondre avec les étudiants de dix ans nos cadets sans que personne ne se rende compte qu'il les a largement dépassés en âge.

Et puis il y avait Antoine, bien reconnaissable malgré son bouc et ses dix kilos de plus ; Céline, qui m'a parue fatiguée, accompagné de Victor, dont le visage s'est arrondi, avec leurs deux enfants qui s'amusaient en compagnie de ceux de Fabrice et Véronique, représentant à eux quatre la jeune génération dont nous faisions encore partie il y a dix ans.

Fin du diaporama.

Je n'avais pas bien réalisé. A trente ans, on se sent toujours aussi jeune et en possession de ses moyens. Les changements physiques, plus ou moins marqués, sont rendus imperceptibles par la fréquentation quotidienne de notre miroir, et une décennie s'ajoute, si vite passée, sans paraître laisser de trace.

Et pourtant... à découvrir cette série de photos, j'ai réalisé combien, oui, dix ans avaient passé. Mais ce qui m'a le plus frappée, au delà de l'embonpoint des uns ou des cheveux grisonnants des autres, c'est combien les expressions, les regards, les sourires ont pu se transformer, témoignant de l'évolution intérieure que nous avons traversée au cours de ces dix dernières années.

La prochaine décennie nous fera vieillir physiquement... mais la précédente a fait, pour le meilleur ou pour le pire, des jeunes gens que nous étions, les adultes que nous serons probablement désormais tout le reste de notre vie.



Rendez-vous dans dix ans ?
 


 
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7 commentaires:

  1. Jeanne qui connaît plein de blogueurs24 octobre 2013 à 20:09

    Le cri qui tue de l'enfant qui regarde l'album de famille: "Waaah, maman, comme tu fais jeune sur cette photo!"

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  2. Ce qui est drôle, c'est que tu regardes l'autre en te disant : mince, il a vieilli ! Et quand tu y penses, tu réalises qu'il a la même opinion de toi !

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  3. J'ai beaucoup apprécié cet article ! Il ne manque plus qu'une auto-description pour que la revue du groupe soit complète...

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  4. Oui, mais pas trop vite quand même !

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  5. c'est sur, 10 ans, c'est pas rien ! moi j'aimerais bien retrouver ma classe de terminale par exemple.... et savoir ce qu'ils sont devenus ! Sympa en tout cas ce billet, merci!

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  6. Très joli texte. Je trouve très émouvantes les marques que laisse le temps sur les visages et les corps. Ils gagnent alors en noblesse (alors que les visages tirés gagnent en grotesque ^^).

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  7. Il faut quand même savoir que les photos ne rendent pas toujours justice (et je ne dis pas ça du tout parce que je ne suis pas photogénique)...mais on peut avoir reçu physiquement et gardé aussi le même rire contagieux! Je dis ça, je dis rien! Bon dimanche Albane

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