Après Aymeric, c'était au tour d'Alex, un camarade de classe de l'un de mes fils, de venir déjeuner à la maison. Tout en servant les spaghettis à la bolognaise (dont Alex n'a mangé que les pâtes en laissant la sauce), je lui ai posé quelques questions.
- Et tu t'entends bien avec tes frère et sœur ?
- Des fois oui, des fois non.
- Tu aimes bien aller à l'école ?
- Des fois oui, des fois non.
- Ils sont sévères, tes parents ?
- Des fois oui, des fois non.
Je commençais à regretter intérieurement le peu de détails livrés par notre invité au long de cette série de réponses de normand, quand tout à coup Alex a rajouté :
- Des fois mes parents se disputent.
Cela ne m'étonne pas du tout. J'apprécie beaucoup la maman d'Alex qui est une amie, mais je me suis toujours dit que son mari me paraissait un peu lourd. Intérieurement je me félicite en souriant de ma perspicacité en matière conjugale, quand j'entends une réponse imprévue fuser :
- Oh oui, les miens aussi !
Je décoche un regard sombre à l'auteur de cette répartie, qui n'est autre que mon fils aîné. Puis je rectifie :
- On ne se dispute pas, on discute, ton papa et moi. Sur un ton un peu soutenu, peut-être, mais on discute. Et rarement, en plus.
Il y a certaines nuances qui échappent aux enfants, et c'est bien malheureux.
J'en étais là de mes sombres réflexions, lorsque j'entendis Alex apporter la précision suivante :
- Et des fois quand ils se disputent ils disent des gros mots.
Je relève la tête fièrement. Mon mari et moi, quand il nous arrive - rarement - de discuter sur un ton un peu soutenu, nous ne disons pas de gros mots.
L'honneur est sauf.

