mardi 17 janvier 2012

La joie de Noël

  Je suis arrivée hier matin à l'école, accompagnée de mes trois aînés, de leur sœur dans sa poussette, et d'environ quatorze litres d'eau de pluie imprégnant nos vêtements. Dans le vestiaire de la classe de mon fils, nous tombons sur Xavier, le papa de Hugo à qui il est en train de retirer son manteau.

  Étant donné le jour de la semaine, je préfère ne pas lui demander directement « Comment vas-tu ? », afin de lui éviter de répondre, découragé, « Comme un lundi ».

  « Bonjour Xavier, bientôt en vacances ? » lui dis-je sur un ton optimiste, dissimulée derrière les gouttes de pluie qui dégoulinent du rebord de mon chapeau.

  Je pensais avoir bien choisi ma question, pourtant Xavier, qui semble avoir promené courageusement sa calvitie sous les trombes d'eau, soupire longuement tout en suspendant le bonnet de son fils au porte-manteau.

  Devant celui de mon fils auquel j'accroche moi aussi écharpe et manteau, je m'interroge. Le pauvre Xavier est-il dans l'impossibilité de prendre des congés ? Son chef l'a-t-il désigné d'office pour une astreinte quelconque ? Ou bien, au contraire, a-t-il la douloureuse perspective de recevoir une odieuse belle-mère pendant toute la durée de ses congés, ou encore le projet de refaire à neuf toute la toiture de sa maison par moins cinq et sous la neige ? A moins qu'il n'ait déjà épuisé tous ses jours de congé de l'année au printemps dernier pour préparer la fête de l'école ?

  « Non ? Tu ne prends pas de vacances ? » ai-je insisté d'une voix un peu hésitante.

  « Non, ce n'est pas ça. » explique Xavier, l'air sombre. « J'ai complètement oublié de poser mes jours de congé. »

  Lundi 24, lorsque je préparerai ma bûche de Noël, et mercredi 26, quand je repenserai avec émotion à la dinde farcie aux marrons, j'aurai aussi une pensée pour le pauvre Xavier, levé à sept heures, trompant son ennui, seul sur son open space, buvant café sur café et se promettant de ne pas oublier, cette fois, de programmer ses prochains congés d'été.

9 commentaires:

  1. Pauvre Xavier... Mais, elle sera à quoi, ta bûche? Parce que j'ai rien de prévu le 24...

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  2. J'espère que sa femme est patiente...

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  3. Propose-lui de déménager en Alsace : nous avons deux jours de congés supplémentaires : le 26 décembre et le Vendredi Saint.

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  4. Encore une nouvelle maladie professionnelle générée par notre riant système : l'amnésie des jours de congés. Précède-t-elle le burn out ? Bonus : si c'est un système calendaire de solde de congés, il va les perdre. Joyeux Noël Xavier !

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  5. oups je venais conseiller à Xavier de déménager en alsace pour profiter du 26 décembre férié, mais je vois que tu as une autre lectrice alsacienne que moi! bonnes fêtes à toi et je vote pour la buche clémentine, si tu peux me garder un bout.

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  6. C'est juste, il peut toujours appeler SOS détresse amitié.

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