vendredi 20 janvier 2012

Pour ou contre la fin du monde ?

   Ce matin en me réveillant, j'ai tout de suite pensé, avec un peu d'effroi, que nous allions enfin être fixés en ce qui concerne la fin du monde. Et puis j'ai réfléchi, et je me suis rendu compte que finalement, il n'y aurait pas que des inconvénients à ce que la fin du monde ait lieu aujourd'hui, à savoir :

  • je pourrai peut-être enfin obtenir des éléments de réponse à la question insoluble qui m'a été posée lorsque j'avais huit ans : vaut-il mieux mourir de froid ou mourir de chaud ?
  • je n'aurai pas à faire refaire ma carte d'identité au printemps prochain, et ça, c'est un vrai soulagement.

  • j'aurai enfin l'occasion de vivre un événement extraordinaire, le dernier, le passage à l'an 2000, remontant à quelques années déjà, et n'impressionnant plus personne.

  • beaucoup de problèmes seront réglés définitivement. La crise, le réchauffement climatique, la lutte contre l'obésité : on a peut-être eu tort de ne pas prendre tout cela avec philosophie.

  • dans la fureur et les cataclysmes, j'aurai la possibilité d'étudier la complexité et la fragilité de la nature humaine en observant le comportement de mes contemporains. Comment réagira Madame Proprette lorsque le nuage de cendres pénètrera dans sa cuisine immaculée, Béatrice préfèrera-t-elle sauver ses enfants ou une céramique grecque, les Désert veilleront-ils, dans l'urgence, à photocopier leur CV et leur relevé de compte bancaire (on n'est jamais trop prudent), Miss Arborique saura-t-elle conserver sa classe et son élégance, ou bien son maquillage coulera-t-il comme celui des autres dans les larmes et dans la fournaise ?

  • je pourrai allumer ma télévision et écouter le discours émouvant du président des Etats-Unis depuis la maison blanche, entendre que Chicago gît déjà sous les décombres et Pékin sous les eaux, avant de voir mon écran plat grésiller quelques secondes et s'éteindre à tout jamais.

  • après avoir assisté à des scènes de panique terrifiantes, je remonterai dans mon appartement, et, avec mon mari et mes enfants, serrés les uns contre les autres, unis dans la même attente et la même affection mutuelle, les yeux reflétant les flammes dévorant la ville, nous attendrons sur le balcon l'ultime météorite ou le tsunami final, en un instant grandiose et infiniment tragique qui restera à jamais le meilleur moment de notre vie.

   Et puis en prenant mon petit déjeuner (le dernier peut-être), j'ai changé d'avis. Si la fin du monde a lieu aujourd'hui, je ne saurai jamais si ma fille aura les yeux de la même couleur que ceux de ses frères ; et surtout il y a toutes ces truffes au chocolat à peine entamées au réfrigérateur, que j'aurais vraiment mal au cœur de voir partir en fumée.

Truffe au chocolat

Champ de météorites ou truffes au chocolat ?

5 commentaires:

  1. Je suis plutôt contre la fin du monde car je n'aime pas les fins, ni les débuts d'ailleurs, et malgré ma quarantaine largement sonnée, je n'étais pas là non plus au début du monde. Alors j'ai bon espoir que tes truffes survivent à aujourd'hui, mais peut-être pas à la fin d'année.

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  2. C'est quoi cette histoire de fin du monde ?

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  3. La grande question c'est surtout si ta fille aura les yeux de la même couleur que ces appétissantes truffes au chocolat et pour ça, oui, ça vaut le coup de vivre encore un peu !

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  4. J'avoue que quand tu as évoqué ton frigidaire, mon coeur s'est serré (parce que Miss Arborique, bon...).

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  5. On peut en discuter, Plötzlich (et je vous promets que je ne les roule pas sous les aisselles).

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