lundi 2 janvier 2012

Un encombrant défaut

  Cela vous étonnera sans doute, mais j'ai un gros défaut. Une tare un peu honteuse, que je tente de dissimuler tant bien que mal, et que, prudemment, je n'évoque jamais en société. Je ne sais pas si cela est héréditaire – certains membres de ma famille sont touchés aussi – , si cela est dû à l'éducation, à une peur enfouie de passer à côté de quelque chose d'important, à un réflexe de survie archaïque qui s'exprimerait de cette façon.

  En tout cas, je n'arrive pas à m'en débarrasser. Il faut dire que cela permet d'améliorer le confort de toute la famille. Grâce à cette pratique, j'ai pu me procurer, en vrac, un lot de cintres, une cocotte en fonte, un plat à gâteau, un baril de cubes duplo, une table roulante, un guide vert de la Belgique, un tabouret en osier, des jouets de bain. Ce n'est pas que nous n'ayons pas les moyens de nous offrir ces objets, mais il y a quelque chose de tellement grisant, le sentiment de braver des interdits, la satisfaction de gagner le gros lot sans même avoir acheté de billet de loterie. Pourtant lorsque je rapporte ces trophées et que mon mari s'enquiert de la façon insolite dont je me les suis procurés, il a immanquablement un soupir et un haussement de sourcil désapprobateurs et fatalistes. Je crains que s'il avait eu plus tôt connaissance de mon vice, il ne m'ait pas épousée.

  Lorsque l'occasion se présente de m'y adonner, c'est plus fort que moi. Mon regard est irrésistiblement attiré, il détaille les objets exposés, afin d'en évaluer l'intérêt. Le plus dur est d'exercer cette pratique en toute discrétion, car j'ai bien conscience de pouvoir surprendre et choquer le voisinage. Ma hantise : être observée par une personne de connaissance au moment-même où je tends la main pour m'emparer de l'objet convoité et où je le fourre rapidement dans un sac avant de reprendre mon chemin, l'air dégagé, comme si de rien n'était.

  Le pire, c'est que je n'ai même pas de remords.

  En général, c'est une fois par mois que je m'adonne à cette pratique peu recommandable.

  Justement, samedi dernier, c'était jour de ramassage des encombrants : en conduisant mes enfants à l'école, je n'ai pas pu m'empêcher de me servir au passage dans les tas de déchets qui s'amoncelaient sur le trottoir.

  C'est peut-être mal, mais dans quelques mois ma fille me remerciera.

 

IMG 2838

Mon dernier butin :
une couverture et une baignoire pour les futures poupées de ma fille

 

Et vous, quel est votre péché mignon ?

9 commentaires:

  1. Très tentant c'est vrai mais je n'oserai jamais je crois et puis pour le coup Sweety me regarderait vraiment de travers ...Mon péché mignon, s'il en est un, est en revanche de m'être mise à acheter des trucs sur les "vide grenier" de ma banlieue avec mon petit, on revient avec une tonne de petites voitures, de jeux pas chers du tout et je suis aussi ravie que lui !

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  2. Tu sais où trouver tes cadeaux de Noël.

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  3. Cela ne ressemble pas à un défaut, les encombrants, c'est une sorte de brocante gratuite à ciel ouvert, rien d'inavouable. Mon péché mignon : j'arrache, discrétos..., les pages qui m'intéressent dans des magazines dans les salles d'attente : le coiffeur, le médecin... Bon, avant, je piquais carrément le journal : j'ai progressé, non ?

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  4. Chez nous, pas d'encombrant, mais je ne me gêne pas à la déchetterie. Par contre, impossible d'acheter un truc chez Emmaüs sans négocier, même en lisant le panneau "prix fermes et définitifs".

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  5. ça s'appelle du développement durable, non ?

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  6. Au moins un défaut que je ne partage pas avec toi Albane ! Chez moi, la honte de fouiller dans les encombrants l'emporte sur l'envie d'y faire de splendides découvertes... mais je doute que ce soit une qualité pour autant !

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  7. J'ai la version masculine du défaut en question à la maison

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  8. Ca permet même de manger.

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  9. <a href="http://10 janvier 2013 à 21:55

    C'est que dans le feu de l'action on est tenté de ramasser des objets totalement inutiles. Mais revendre des encombrants ramassés dans la rue, je crois que je ne l'ai jamais fait. Bravo !

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