lundi 20 février 2012

Éphémère jeunesse

  J'ai un vieux téléphone portable que je n'utilise plus, et samedi dernier, je me suis lancée dans une opération dont je pensais qu'elle ne présenterait pas de difficulté particulière : faire déverrouiller cet appareil afin de l'utiliser chez un nouvel opérateur qui a le bon goût de proposer un forfait au prix avantageux de zéro euro par mois.

  Munie de l'appareil, de la facture d'origine, et accompagnée de la famille au grand complet désireuse de profiter de l'occasion pour se promener agréablement sous la bruine par cinq degrés Celsius, je me rends dans la boutique où j'avais acquis ce téléphone.

  Le vendeur me renvoie aimablement vers un autre magasin, m'expliquant qu'ici ils n'effectuent pas de déverrouillage. Nous trouvons, non sans mal, dans une ruelle à l'écart des grands axes commerçants, une petite boutique assez miteuse sous une enseigne clignotante à moitié en panne : « Téloshop ». L'intérieur est aussi sombre et peu soigné que le magasin que je viens de quitter était clair, lumineux et parfaitement ordonné. Sous le comptoir, un certain nombre de portables sont à vendre, des occasions certainement, les prix sont indiqués à la main sur de petits morceaux de papier. Le vendeur communique dans une langue étrangère avec le client précédent, termine sa conversation et s'adresse à moi – en français cette fois. Je montre mon téléphone, expliquant que je souhaite le déverrouiller.

- Ah, celui-là ce n'est pas possible, Madame, il est trop vieux, on ne peut plus le faire. Vous pouvez en racheter un, regardez dans la boutique.

  La proposition ne me tente pas ; dépitée, je retrouve Monsieur qui m'attend dehors et lui expose la situation.

- C'est dommage, il marchait très bien, lui dis-je. Mais c'est vrai qu'il n'est pas tout récent. Attends, si je me souviens bien, je l'ai acheté...

  Je sors la facture de mon sac à main.

- C'est bien ça, je l'ai acheté trois jours avant la naissance de Fiston, il y a cinq ans, dis-je en jetant un coup d'œil à l'intéressé.

  Fiston, du haut de ses cinq années, est précisément en train de sauter dans une flaque d'eau en faisant joyeusement tournoyer sa paire de moufles autour de leur cordon, s'attirant ainsi l'admiration de ses plus jeunes frères.

- Cinq ans ! Autant dire que ce n'est plus la prime jeunesse...

4 commentaires:

  1. La préhistoire des téléphones se situe il y a 5 ans car je crois que les smartphones balbutiaient. Dans ce contexte, je suis resté néanderthalien (et je paye plein mon voleur de téléphoniste).

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  2. Tout passe, tout lasse, tout casse, sauf la classe !

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  3. Oh tu sais, dans l'univers impitoyable de la téléphonie, passé 6 mois on est vieux alors..

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  4. Mais j'assume ! (Vous n'avez pas vu quel ordinateur antique m'a accompagnée pendant mes études...)

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