jeudi 2 août 2012

Le berceau de la famille

  Mes prochaines vacances d'été approchent, et différents indices répandus dans l'appartement l'attestent. Une valise à moitié bouclée attend dans un coin, des vêtements microscopiques sortis des cartons ont envahi tout un rayonnage du placard, la poussette canne a été repliée pour laisser la place à l'imposant landau remonté du garage.

  Et, dernier arrivé, le berceau trône dans l'une des chambres. Pour la quatrième fois nous l'avons déménagé, monté et installé. C'est la quatrième fois que je le recouvre de ses parements blancs festonnés, que je noue chaque petit ruban autour des barreaux, que j'y place un drap blanc et une petite couverture, et que j'étends les voilages transparents tout autour du petit matelas. J'ai repensé aux trois occasions précédentes que j'ai eues d'effectuer les mêmes gestes et les mêmes préparatifs : une fois dans une chambre rose, deux fois dans une chambre jaune, et cette fois dans une chambre verte.   

  Et j'ai pensé aussi à celles qui, avant moi, ont noué les mêmes rubans aux mêmes barreaux, et nimbé ce même berceau des mêmes voilages : car voici cinq générations, peut-être plus, qu'il abrite le sommeil des nouveaux-nés de la famille – en témoigne le vernis un peu passé et de discrètes reprises dans les parements. Avant moi, ma mère, ma grand-mère, mon arrière grand-mère, une arrière-arrière-grand-mère et peut-être d'autres avant elles, dans plusieurs régions de France, sur trois siècles successifs, dans différentes demeures pour certaines oubliées, ont préparé le petit lit, imaginant les nouveaux-nés qui viendraient bientôt l'occuper, des nourrissons qui, en prenant place dans la nacelle en bois, ont inscrit leur nom dans l'arbre généalogique dont la branche la plus jeune est en train de s'étoffer.

  En un dernier geste j'ai lissé la surface de la couverture et j'ai tendu le drap pour y faire disparaître les plis. Lorsque, dans quelques semaines ou quelques jours, je me pencherai à nouveau sur le berceau, ce sera pour y regarder dormir un nouveau-né.En attendant

5 commentaires:

  1. Qu'il est beau ce berceau ! J'aimerais bien être ton bébé, Albane, pour pouvoir y faire de nouveau un petit séjour... Tu acceptes d'être ma maman, dis ?!

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  2. <a href="http://20 août 2012 à 20:08

    Oui, mine de rien j'ai mis du temps à l'installer. Mais quel plaisir de l'apercevoir chaque jour par la porte entrebaillée...

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