mardi 23 octobre 2012

A la manière de... Ginger

 

Attention : ce billet est un pastiche du blog de Ginger (toutes les explications ici)

 

 

Vous vous souvenez de vos dissertations de philosophie...

 

... vous savez, quand vous étiez en terminale, ces copies doubles interminables à noircir, avec une introduction, deux ou trois parties (enfin plutôt deux en ce qui me concerne), une conclusion, pour discuter de questions obscures que des personnes normales ne se posent jamais dans la vie, comme par exemple : « Nature ou culture ? » ou bien « Liberté, égalité ou fraternité ? » ?


Eh bien je ne sais pas pourquoi, mais une chose que j'ai retenue, c'est qu'un jour un philosophe a dit « l'homme est un animal social ». Animal, je ne sais pas trop (je ne vois pas trop le rapport entre l'huître et l'homme par exemple), mais social, oui.


Et j'ai remarqué, comme vous peut-être, que l'homme (contrairement à l'huître d'ailleurs, enfin je crois) agit rarement pour rechercher des choses comme le Bien, le Vrai, le Beau (qui plaisent pourtant beaucoup aux philosophes), mais souvent en raison de la pression sociale.


Par exemple, quand j'étais au collège, la pression sociale exigeait que l'on ricane du film « Babe, le cochon devenu berger ». Il se trouve que pour mon malheur j'étais allée voir ce film (en rasant les murs pour ne pas être reconnue). Eh bien la pression sociale a été telle que je me suis bien gardée de signaler ce fait à mes camarades de classe.


Et tout récemment, j'ai eu l'occasion d'assister à un nouvel effet de la pression sociale.


J'ai une amie, Ingrid, qui est plutôt assez casanière. Mais quand je dis casanière, c'est vraiment casanière. Du genre dont la devise est la suivante :


Pourquoi partir en vacances quand on est si bien chez soi ?


Et Ingrid est très bien chez elle.


D'ailleurs elle n'a jamais pris l'avion (mais elle ne l'a jamais dit à personne, ou presque, toujours à cause de cette fameuse pression sociale).


L'été dernier, Ingrid, comme beaucoup de gens, a pris des congés. Et comme beaucoup de gens, elle a quand même réfléchi à ce qu'elle allait faire pendant ses vacances.


Dans un premier temps, un certain nombre de ses amis lui ont fait des propositions.


  • Ingrid, ça te dit de partir six semaines en Nouvelle Calédonie en y laissant trois mois de salaire et tous tes jours de congé de l'année ?

Ingrid, ça ne lui disait rien du tout, et pourtant cela lui aurait permis de prendre l'avion pour la première fois.


  • Ingrid, ça te tente de partir en voilier pendant deux semaines au large de la Sicile, on pêcherait des poissons et on bronzerait sur le bateau ?

Mais Ingrid, ça ne la tentait pas du tout, d'ailleurs elle ne bronze pas, et elle est allergique au poisson.


  • Ingrid, tu voudrais partir avec toute une bande d'amis en juillet au fin fond de la Creuse jouer aux cartes et faire des ballades dans la campagne ?

Ingrid, là, elle aurait bien voulu, mais malheureusement elle avait pris ses congés en août.

 

Bref, le 1er août est arrivé et Ingrid n'avait toujours pas de projet de vacances. Alors elle a fait la seule chose qui lui restait à faire : passer ses trois semaines de congé chez ses parents, dans la banlieue de Strasbourg.

 

Elle a passé de très bonnes vacances (je vous avais dit qu'elle était casanière). Elle a fait les magasins à Strasbourg, elle a bien dû voir deux ou trois amis qu'elle a encore là-bas, elle est même allée une fois faire la route des vins avec ses parents et boire un verre de vin blanc à Kaysersberg.

 

Mais là où la pression sociale s'est fait ressentir, c'est quand elle est rentrée chez elle à la fin de ses congés. Et justement, elle est venue à la maison avec un ou deux autres amis communs. C'était en septembre, et la conversation a rapidement tourné sur les vacances. Une de nos amies communes a demandé à Ingrid ce qu'elle avait fait pendant ses congés.

 

Je suis allée passer quelques jours en Gironde, chez mes cousins.

 

Je l'ai regardée sans y croire. Mais c'est bien ce qu'Ingrid a prétendu (d'un ton rapide du genre : maintenant si on pouvait changer de sujet de conversation ça m'arrangerait).

 

J'ai compris que la pression sociale avait eu raison de la sincérité d'Ingrid.

 

C'est vrai que la plupart des gens, à tort ou à raison, considèrent que l'on ne passe pas de (bonnes) vacances dans la banlieue de Strasbourg.

 

Quoi qu'il en soit, au sujet de dissertation « la pression sociale doit-elle l'emporter sur la vérité ? », Ingrid aurait répondu « Oui » (sans même avoir besoin d'introduction, de conclusion, ni de deux ou a fortiori trois parties).

 

Et c'est bien dommage, car sans cette fameuse pression sociale, le tourisme se porterait peut-être beaucoup mieux dans la banlieue de Strasbourg.

 

 

C'est bizarre, je n'ai pas reçu de carte postale d'Ingrid cette année.

 

8 commentaires:

  1. C'est frappant à quel point on reconnaît un blog sur sa forme, sur son rythme et sur ses enchaînements. Vu la variété des thèmes qu'explore Ginger, la narration, elle, devient un élément d'identification supplémentaire. Tu es un caméléon Albane, félicitations. Cet exercice de plagiat sympathique est une brillante idée !

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  2. On sent ta nature affleurer par moments, mais l'exercice est réussi!

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  3. Je vais aller relire Ginger, sa plume me manque! Bravo pour ce pastiche. Oui, la pression sociale, c'est terrible surtout quand elle s'attaque à un sujet aussi léger et personnnel que les vacances.

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  4. L'avis de l'expert : contrefaçon d'excellente facture qui m'a bien fait rire, bravo ! Albane, je te laisse mon blog et je file en vacances...

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  5. Beau pastiche ! La pression sociale s'exprime dans beaucoup d'autres domaines... mais sur moi, elle a l'effet inverse (plus j'ai de pression, moins je fais) !

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  6. Je ne connais pas Ginger, mais la narration est excellente ;) et le sujet de cette dissert loin d'être anodin ... bien que l'on puisse être tenter de s'en défendre, la plus part d'entre nous est certainement concernée

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  7. Bravo ! Ceci dit l'histoire fait froid dans le dos !

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  8. <a href="http://25 octobre 2012 à 20:16

    C'est chouette, tu peux pique-niquer sur la dune du Pyla tous les week-ends.   Les banlieues sont souvent charmantes quand on se trouve... "à peine un peu plus loin" !

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