dimanche 5 janvier 2014

L’endocrâne est-il mathématisable ?

Lors de la rencontre de blogueurs dont je vous avais fait le compte-rendu en octobre dernier, Stiop, Ginger et moi-même avions évoqué le projet d’un défi d’écriture à relever entre blogueurs. Avais-je abusé de la boisson ou était-ce l’heure tardive, toujours est-il que j’ai accepté, sans méfiance, et avec enthousiasme, l’idée soulevée.

« Je vous envoie très vite un thème à traiter sur vos blogs », nous a promis Ginger avant que nous nous séparions. 

Quelques jours plus tard, je recevais le thème en question dans un mail envoyé par Ginger elle-même. Que n’ai-je regretté alors de m’être engagée si vite, rompant avec ma traditionnelle ligne de conduite : « La meilleure façon de tenir ses promesses, c’est de ne pas en faire ». Vous comprendrez mon désarroi lorsque vous aurez pris connaissance du sujet à traiter (avec délai imposé à respecter impérativement, merci Ginger) :

« L’endocrâne est-il mathématisable ? »

(en fait vous le saviez déjà, c’était le titre de l’article (pour ceux qui suivent))

J’ai commencé par laisser passer le temps, plusieurs jours, plusieurs semaines, en attente de la lueur d’inspiration salvatrice. J’ai eu beau m’appliquer consciencieusement à ne rien faire, rien n’est venu à mon esprit. C’est alors que j’ai commencé à m’inquiéter, et à me gratter le crâne, espérant – en vain – que ce mouvement de friction réveillerait justement les ressources des profondeurs de mon endocrâne.

Les pensées qui me venaient alors à l’esprit me paraissaient tellement creuses que je me suis alors demandé si, vraiment, je possédais un endocrâne, ce qui éventuellement aurait constitué un motif de dispense pour l’exercice commandé par Ginger, mais à défaut de pouvoir passer une IRM dans les temps je ne pouvais en apporter la preuve.

J’avais abandonné la lutte, et, en proie au découragement et à la honte, j’étais sur le point de renoncer, de fermer mon blog, mon compte facebook, et de disparaître virtuellement de la blogosphère, quand j’ai ressenti soudain une profonde envie de dormir. Je ne l’avais pas encore compris, mais c’était mon endocrâne qui, enfin, décidait de se réveiller, et de s’exprimer par le langage des rêves.

Je sombrais dans un sommeil profond.

Vous avez tous, comme moi, des rêves récurrents, je le suppose. Des rêves où par exemple vous avez un train à prendre dans très exactement trois minutes, alors que vous habitez à une heure de la gare, que vous avez raté votre bus, que vous n’avez pas bouclé votre valise, que celle-ci, en outre, est introuvable, comme votre billet de train d’ailleurs, et que vous êtes encore en pyjama ou, à la rigueur, en maillot de bain.

Ce n’est pas ce genre de rêve que j’ai fait, mais un autre rêve récurrent tout aussi pénible qui hante mes nuits depuis plus de dix ans, plus précisément depuis que j’ai passé certains concours durant mes études.

Dans ce rêve, il est vingt-deux heures environ, et je me rends compte soudainement que, justement le lendemain matin, j’ai un examen à passer. Un examen de mathématiques portant sur un sujet aussi emballant que, par exemple, «La topologie des fractions rationnelles dans un ensemble complexe muni d’une loi commutative à élément neutre » ou bien « Les équations différentielles à coordonnées polaires et intégrales multiples en algèbre bi-linéaire ». Bien évidemment, je n’ai pas commencé la moindre révision. Il me reste deux heures pour absorber environ 78 pages de théorèmes, démonstrations et corollaires divers avant de plancher sur les 246 questions du sujet (« Vous avez deux heures, calculatrices interdites ! »)

Autant vous dire que le réveil m’a apporté, comme à chaque fois, un soulagement intense. Je me suis retrouvée dans ma familière existence extraordinairement banale, où les problèmes à résoudre se trouvent enfin à ma portée, comme par exemple : « A quelle heure faire démarrer une lessive de 90 minutes pour avoir le temps de l’étendre avant la sortie de l’école à 11h30 ? » ou bien « Si un poulet cuit en vingt minutes par livre, combien de temps pour un poulet de 1,5 kg ? ».

Et tandis que je lançais ma lessive dans les temps (et sans calculatrice !), j’ai eu le flash, celui que j’attendais depuis que j’avais reçu le défi de Ginger.

Oui, l’endocrâne est bel et bien mathématisable.

Du moins, à l’évidence, fourmillant comme il est de problèmes (insolubles), d’équations (non résolues), d’hypothèses (mal posées) et de théorèmes (incomplets) n’attendant que le repos du sommeil pour se manifester dans toute la froideur de leur terrible abstraction à mon esprit :

Mon endocrâne est fortement mathématisé.

Hélas.

Je ne sais si cette prise de conscience m’aidera à coexister en paix avec cette partie arithmétique et algébrique de mon esprit, toujours est-il que le défi lancé par Ginger m’aura permis d’approfondir la connaissance que j’ai de moi-même, et pour cela je ne la remercierai jamais assez.


Fais de beaux rêves, Albane…
 
Bon, et maintenant, qui veut participer au prochain défi ?
 
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10 commentaires:

  1. Oh pétard, la prise de tête ! Tout est maths, il parait, reste à le comprendre, et là, c'est une autre paire de manches.... Merci pour cette réflexion soutenue, je m'endormirais moins idiote ce soir (quoique, la journée n'est pas finie).

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  2. J'ai appris pleins de choses dis donc! Bravo !

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  3. Bon courage pour votre endomaldecrâne onirique alors ! Car mathématisable ou non, le résultat me semble plutôt douloureux...

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  4. C'est drôle, je n'aurais jamais cru qu'un endocrâne pouvait être mathématisable de cette façon !

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  5. J'admire ton esprit à la fois scientifique et littéraire, ce qui fait de toi un être tout sauf banal. Tes conclusions sont intéressantes, quoi qu'en légère contradiction avec celles de Ginger, voire des miennes, mais elles sont si bien argumentées !

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  6. rhôoo, ces rêves récurrents où l'échec est omniprésent, c'est mon cauchemar absolu et c'est tellement prise d'endocrâne !

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  7. Je n'ai à peu près rien compris, mais j'aime toujours autant te lire Albane...moi aussi j'ai des rêves récurrents étranges ....

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  8. TOUT est mathématisable ! l'homme s'inscrit dans un cercle et un carré (Vitruve), le persil est fractal, le tournesol est une ode à la suite de Fibonacci, la coquille d'escargot est une spirale logarithmique... en revanche, mon andouille de crâne a oublié comment résoudre les équa diff, et ça c'est drôlement vexant...

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  9. Votre endocrâne est sûrement mathématisable... le mien l'est nettement moins parce que j'ai eu beaucoup de mal à vous suivre, que je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, que je me sens très bête tout d'un coup, et que je suis sûre d'avoir attrappé la migraine. A se demander si j'ai un quelconque endocrâne... je sens que je ne vais pas tarder à rêver que j'ai un examen dans 2 heures et que je n'ai pas encore entamé mes révisions...

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  10. <a href="http://8 janvier 2014 à 20:16

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