mercredi 14 décembre 2011

Un conte de Noël

    C'est un endroit familier, vaste et parfois mystérieux. Le petit Gaspard en connaissait tous les recoins et toutes les allées. Il savait par expérience, car sa maman l'y conduisait souvent, pour sa plus grande joie, qu'on y trouve beaucoup de belles choses, de choses étonnantes parfois, et souvent délicieuses – car, il faut le dire, Gaspard est assez gourmand.
  Ce matin, Gaspard y est entré. La pluie tombait à verse au dehors, et le petit garçon rejeta sa capuche en arrière. Il poussa un cri de surprise et d'admiration : les lieux lui apparurent entièrement transfigurés. Il découvrit avec émerveillement les guirlandes dorées filant sous le plafond, les arbres de Noël enneigés, sur la gauche, d'autres, décorés et lumineux, un peu plus loin, les cascades de boules brillantes, les étoiles scintillantes suspendues et se balançant doucement au-dessus de lui. Il entendit résonner au loin des chants de Noëls, et dans chacune des galeries qu'il parcourait l'une après l'autre, c'était une avalanche de lumières et de couleurs, un enchantement qui lui arrachait sans cesse de nouveaux cris de joie.
  Partout autour de lui, dans ce décor féérique, surgissaient à leur tour des douceurs exquises. Des chocolats fins, des biscuits de Noël, des fruits rares aux couleurs vives, des pâtes d'amandes, des brioches et des pains d'épice s'offraient aux regards et ne demandaient qu'à être saisis et dégustés.
  Gaspard fut soudainement tiré de sa contemplation par le maître des lieux qui, poussant un traîneau croulant sous une quantité de délicieuses pâtisseries, surgit devant lui. Il connaissait bien Gaspard et ses frères. Comme toujours, il avait son bon sourire plein de gentillesse, et malgré son âge, cette étincelle pétillante, pleine de jeunesse, dans le regard. Comme d'habitude il s'adressa au petit garçon, l'appela par son prénom en se penchant à sa hauteur, et, sur un ton mystérieux, l'invita à le suivre.
  Gaspard n'hésita qu'un instant et se résolut à accompagner le maître jusque dans une pièce secrète, où personne ne pouvait jamais pénétrer, une pièce où il cachait d'innombrables trésors. Il en sortit, sous les yeux de Gaspard émerveillé, trois grands sachets fermés par trois rubans dorés, contenant trois Père Noël en chocolat, trois magnifiques friandises qu'il tendit au petit garçon en lui demandant d'en remettre une à chacun de ses frères. Gaspard, tout étourdi de surprise, eut à peine le temps de remercier, que le généreux homme avait déjà disparu comme par magie.
  Le petit garçon, chargé de ses précieux présents, rejoignit sa maman. Avant de partir, elle déposa les victuailles qu'elle avait choisies sur le tapis enchanté ; celui-ci avança de lui-même jusqu'à la dame que Gaspard connaissait bien également, elle qui était l'auxiliaire du maître des lieux.
« Nous avons aussi des chocolats que votre patron a offerts aux enfants, signale la maman de Gaspard ; comme ils sont un peu cassés, ils ne pourront pas être mis en rayon ».
  La caissière sourit en hochant la tête. Depuis deux ans qu'elle travaille dans ce supermarché, elle connait bien la gentillesse de son patron. « Au revoir », lui dit Gaspard, répondant à son salut.
  Derrière le petit garçon, les portes automatiques se referment sur les rayons richement décorés du magasin. Dehors il fait très sombre, la pluie tombe de plus en plus fort, mais à travers les vitres un rayon de lumière parvient encore jusqu'à Gaspard, qui s'éloigne en serrant contre lui les trois précieuses figurines en chocolat.

6 commentaires:

  1. Quand la magie de l'enfance et la magie de Noël se conjuguent...

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  2. c'est chouette cette histoire :)

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  3. Elle s'appelle Albane, la maman de GAspard ? ;)

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  4. un peu d'humanité... ça fait du bien !

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  5. <a href="http://11 janvier 2012 à 01:38

    Grand grand merci ! A bientôt, et très belle soirée à vous aussi, Milie Coquille.

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