mercredi 11 septembre 2013

Dame Nature

Un mardi après-midi du mois d'août, ou peut-être un vendredi du mois de juillet – qu'importe – mais quelques jours en tout cas après le petit lapin gris, dans un autre jardin champêtre, à l'ombre de grands arbres centenaires, les enfants s'amusent jusqu'à ce que l'un d'eux remarque, dissimulés dans les taillis, les petits points rouges que forment, sur la verdure des fourrés, des fraises des bois écarlates.

La cueillette s'improvise, et les baies rouge vif s'accumulent dans le petit sac en plastique de fortune que j'ai trouvé au fond de mes affaires. Aucune ne sera oubliée, ni les plus discrètes cachées sous les feuilles, ni même les plus lointaines inaccessibles depuis le chemin, ni encore les plus petites et sans doute les plus savoureuses ; et en soupesant le fruit de notre récolte, nous pensons avec bonheur au délicieux dessert qu'elle formera, en louant d'une même voix

 Dame Nature la généreuse.

 

De retour à la maison, je renverse le butin dans une passoire où je rince délicatement les fruits cramoisis. Par hasard j'avais préparé des panacottas bien fraîches pour le dîner, et, les baies sauvages lavées et égouttées, je les dispose sur les coupes à dessert, non sans pouvoir m'empêcher d'en goûter une au passage.

Elle n'a quasiment aucun goût.

J'en goûte une seconde. Une troisième. Elles n'ont aucun arôme, rien du parfum doux, sucré et savoureux auquel je m'attendais. Assurément, malgré leur grande ressemblance, il ne s'agit pas de fraises des bois.

Je n'ai d'autre choix que de servir avec nos panacottas un peu de confiture de fraise et à jeter à regrets les baies insipides, cueillies alors que nous ignorions encore quel tour pendable nous réservait

 Dame Nature la farceuse.

 

Je pâlis tout à coup. Et si ces clones de fraises des bois étaient toxiques ?

D'un pas hâtif et le cœur battant, je laisse là ma cuiller de confiture et les enfants encore tout étonnés, et je m'en vais consulter mon ami wikipedia qui, m'informant aussitôt, un peu pédant, de ma méprise entre le Fragaria vesca et le Duchesnea indica, autrement dit entre le fraisier des bois et son indigne imitateur, le fraisier des Indes, me rassure sur le fait que les fruits du second, aussi dépourvus de parfum soient-ils, ne présentent aucun risque pour la santé.

Et c'est un soupir de soulagement que je pousse en me réjouissant de ne pas m'être frottée, dans cette mésaventure, aux sournoises attaques de

Dame Nature la vénéneuse.

 

 IMG_4072-copie-1.JPG

Elles avaient pourtant l'air bonnes...

 

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12 commentaires:

  1. Ne te lance jamais dans la cueillette des champignons Albane, S'IL TE PLAÎT !

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  2. Dame Nature aime souvent la déco, mais pas forcément avec goût ! lol ! (oh la la, je suis en grande forme moua!). En tout cas, le dessert, même sans fraises, avait l'air bien bon!

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  3. c'est alléchant sur la photo... je comprends que vous vous y soyez laissée prendre.

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  4. Dame Albane l'Inspirée. Et en bonne santé.

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  5. Comme dirait Anacoluthe, Dame nature est...

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  6. Bah dis donc, je n'avais jamais vu Dame Nature comme ça. Je suis un peu choqué quand même.

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  7. Ce qui m'étonne c'est que personne ne les ai goûtées directement dans la nature...

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  8. Rassure-toi, nous nous sommes toutes fait avoir une fois...

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  9. C'est clair qu'elles sont appétissantes! Ah les dangers d'Into the wild, il n'y a qu'à voir le film pour se rendre compte... ;)

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  10. je les connais bien ces fraises, plusieurs gloutons en ont cueillie dans les espaces verts de mon boulot,sauf que ... ils ont eu une bonne diarrhée ensuite... je comprends ta déception car elles ressemblent tellement à de magnifiques fraises des bois!

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  11. Punaise, je craignais une fin beaucoup moins glamour...

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  12. Ecoute, finalement c'est eux qui ont de la chance, ils ont cru dur comme fer déguster de vraies fraises des bois... (bon, les conséquences ont été moins agréables, malheureusement)

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