lundi 11 novembre 2013

Allo, c'est Tante Claudine

Samedi, le téléphone a sonné pendant que je préparais le déjeuner, j'ai laissé mon mari prendre. Trois quarts d'heure plus tard, le voilà de retour au salon, l'air épuisé, se frottant les tempes énergiquement, et poussant un long soupir en reposant le combiné.

C'était Tante Claudine au téléphone.

Tante Claudine avait encore beaucoup à raconter, imaginez donc : elle venait d'assister à l'enterrement du parrain de son mari dont nous savions qu'il était en mauvaise santé. Mon mari ne connait pas cet homme, mais désormais nous savons tout de ses funérailles : le nombre de fleurs et de couronnes, la présence d'un ou deux conseillers municipaux, et surtout les lamentations de la veuve au moment de la mise en terre.

« Cela a été très dur pour Oncle Maurice, a rajouté Tante Claudine. Figure-toi qu'il était allé à l'hôpital rendre visite à son parrain, et qu'une heure après, ce dernier était mort. »

Oncle Maurice et Tante Claudine, qui étaient voisins du défunt, ne lui rendaient visite qu'exceptionnellement, mais Tante Claudine a tout de même conclu, avec peut-être une légère pointe d'égocentrisme :

« C'est à se demander s'il n'attendait pas la visite d'Oncle Maurice pour partir... »

Mon mari a demandé des nouvelles de Marc : vous vous souvenez que le pauvre a été amputé d'un bras ; depuis il suit un programme de rééducation non loin du domicile d'Oncle Maurice et Tante Claudine.

« Marc, eh bien nous l'avons reçu à déjeuner à la maison. »

Il faut savoir que Tante Claudine et Oncle Maurice n'ont jamais reçu personne. Ni la sœur d'Oncle Maurice, qui habite à deux pas, célibataire, isolée et souffrant de dépression, ni le parrain défunt d'Oncle Maurice, ni même, lorsqu'ils étaient encore de ce monde, les parents de Tante Claudine, eux aussi voisins immédiats – peut-être pour un café le premier janvier, mais c'est tout, et encore, pas tous les ans.

Je n'ose imaginer ce qui a valu à Marc le privilège d'être introduit dans la demeure d'Oncle Maurice... Ce n'est tout de même pas parce qu'il lui manque un bras ?
 
 
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10 commentaires:

  1. La prochaine fois que tu as envie d'être invitée par tante Claudine (mais en as-tu bien envie ?), annonce que tu as une jambe en moins !

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  2. Je t'envoie des ondes positives, Albane, plein d'ondes positives car tes histoires me font frémir.

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  3. Ca doit quand même être poilant de voir un manchot à table ! Hem...je m'en vais vite fait ...

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  4. mais c'est sûr que c'est pour ça!! Evidemment, elle est horrible Tante Claudine

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  5. Je n'ai pas de tante Claudine dans ma famille. En revanche, j'ai une belle-mère exceptionnelle (dans la catégorie de la Tante Claudine). Je pense même pouvoir me lancer dans un blog rien que pour conter ses exploits.

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  6. Je peux organiser une petite rencontre avec ma BM qui vit sa vie par procuration (surtout à travers le malheur des autres. Je pourrais en faire un blog et personne ne me croirait tellement c'est édifiant...Tante Claudine n'a qu'à bien se tenir !

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  7. Je ne l'aime pas cette tante Claudine et si elle était dans mon entourage j'aurais bien de la peine à me retenir de lui dire mes 4 vérités ...

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  8. C'est rassurant de se dire que même méchamment amoché après un accident, il y aura au moins une ou deux personnes pour te recevoir à leur table ! En plus, j'imagine qu'il n'y a pas de problème pour que, dans la conversation, tu entres dans les détails les plus gores des traitements que tu as reçu...

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  9. eh ben.... S'il n'y avait que des tantes claudine sur terre, on se jetterait tous par la fenêtre... C'est vraiment une femme terrible !

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