lundi 12 septembre 2011

Madame Proprette

  Madame Proprette, c'est le titre de l'un des tout premiers livres que j'aie jamais lus, dans la fameuse série des « Monsieur et Madame ». Il m'avait été offert lors d'un anniversaire auquel j'avais été invitée, lorsque j'avais peut-être quatre ou cinq ans, et je me souviens encore que Madame Proprette, avec son joli chapeau bleu et ses lunettes, passait son temps à briquer sa maison, qui « brillait comme un sou neuf ».
    Malheureusement, cette lecture précoce ne m'a pas donné le goût du ménage ni la passion de l'hygiène. Je suis bien obligée de temps en temps de passer la serpillère ou l'aspirateur, mais j'ai une tolérance assez large pour les vitres sales, la poussière sous les tapis et les miettes sous la table. Sans cela, d'une part je n'aurais pas eu trois enfants, parce que les enfants, c'est salissant, d'autre part je n'aurais pas créé de blog, parce que le temps passé à écrire un article, c'est autant de temps passé à ne pas récurer son intérieur.
    Et pourtant, j'ai rencontré Madame Proprette. La vraie, dans la vraie vie, puisqu'elle habite l'étage du dessous, au rez-de-chaussée, juste à côté des maniaques du bruit. Madame Proprette-dans-la-vraie-vie ne ressemble pas beaucoup à son modèle, elle n'a pas la silhouette rondelette de l'original, ni le petit chapeau rond. Elle est blonde, mince, âgée d'une trentaine d'année, en ménage (sans jeu de mot) avec Monsieur Propre, évidemment, et elle est toujours bien coiffée.
    J'avais commencé à repérer le phénomène dès notre arrivée dans l'immeuble. C'est tout de même rare d'avoir une voisine que vous découvrez un jour sur deux en train d'astiquer ses rebords de fenêtre. Oui, et c'est d'ailleurs comme cela que j'ai appris que cela se lave, les rebords de fenêtre, à l'extérieur bien-sûr. Les leurs sont les seuls de toute la résidence à présenter une surface d'un blanc immaculé, sans une trace de poussière.
    Par la suite, j'ai croisé plusieurs fois notre voisine avec un seau dans une main, un balai brosse dans l'autre. Je suppose qu'elle nettoie sa place de parking souterrain une ou deux fois par semaine. Surtout que Monsieur Propre, lui, prend le temps régulièrement de laver leur grosse voiture sur le parking, et il serait dommage qu'elle reprenne la poussière au sous-sol.
    Monsieur Propre et Madame Proprette attendent le week-end avec impatience, je suppose, pour pouvoir enfin éliminer toute la saleté accumulée pendant la semaine. Samedi dernier, je m'occupais, moi aussi, à ranger et nettoyer notre appartement – bien obligée, nous avions des invités. Monsieur est rentré alors de sa course en me racontant la scène à laquelle il avait assisté : Madame Proprette et Monsieur Propre étaient en train de procéder à l'examen minutieux du morceau de façade derrière lequel se trouve leur appartement. Les rebords de fenêtre, mais aussi la gouttière, les joints, l'enduit, les montants des vitrages, les stores, le dessous des rebords de fenêtre, l'envers des gouttières, rien n'a échappé à leur état des lieux, tandis qu'ils dressaient la liste exhaustive des travaux de nettoyage à effectuer. Je pense qu'ils étaient en train de préparer le programme de leurs vacances de la Toussaint.
    D'ailleurs s'ils n'ont rien à faire le 11 novembre, ma porte leur est grande ouverte.

4 commentaires:

  1. l'espace d'un instant je me suis dit que tu habitais à coté de chez ma mère... mais non!

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  2. Est-ce que Madame Proprette serait prête à devenir ma femme de ménage (bénévole) ?

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  3. oui lourde hérédité et en réaction je suis plutot comme toi, l'aspi c'est quand j'ai le temps, la poussière c'est bien ca décore (bon peut etre pas à ce point là mais quand meme...)

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  4. M. Propre et Mme Proprette ont-ils des enfants ? parce que si oui, je suis admirative... et j'aimerais voir les chambres, histoire de rêver un peu !

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