dimanche 1 février 2015

Surmené

On évoque souvent le surmenage des mères de famille, vous savez, celui qui vous guette entre la pile de linge sale et celle du raccommodage, et qui vous empêche de trouver le temps de vous vernir les ongles ou de publier aussi souvent que vous le souhaiteriez sur votre blog.

Mais le surmenage des pères de famille existe bel et bien, lui aussi.

J'en veux pour preuve le cas de Rémi. Rémi et sa femme sont des amis que nous avons rencontrés à l'école de nos enfants. Rémi a fondé une petite société installée tout près du lieu de travail de mon mari, aussi leur est-il déjà arrivé de déjeuner ensemble un jour de semaine, et récemment, mon mari a proposé à Rémi de le retrouver à nouveau dans un restaurant du coin.

Pendant plusieurs jours, aucune nouvelle de Rémi. Puis, au bout d'une ou deux semaines, il a laissé un message un peu embarrassé sur le téléphone de mon mari.

« Oui, bonjour, c'est Rémi... Je suis désolé, j'aimerais beaucoup te retrouver pour déjeuner (petit rire étouffé un peu gêné) mais je suis débordé. Je n'ai pas arrêté en janvier, février va être pire, j'espère que mars sera plus facile (petit rire étouffé un peu gêné). Disons que je te rappelle en avril ? (petit rire étouffé toujours aussi gêné) »

Rémi, vous l'aurez deviné, est un homme très sympathique mais un peu timide et assez réservé. Il marche la tête penchée un peu en avant, comme s'il voulait se faufiler dans le monde sans trop le déranger à son passage.

Quand mon mari, un peu déconcerté, m'a fait entendre le message, forte de ma longue expérience, j'ai tout de suite posé un diagnostic aussi sûr que perspicace :

« Je crois que Rémi est un peu surmené, tu sais. »

Le lendemain matin, j'étais en retard d'une ou deux minutes pour aller chercher mes enfants à midi lorsque j'ai croisé Rémi, la tête légèrement penchée en avant, qui sortait de l'école en tenant les siens par la main. Il était si pressé que j'ai à peine eu le temps d'apercevoir la nuance toujours un peu timide de son sourire.

Mais, cinq minutes plus tard, arrivée dans la cour de l'école, j'ai eu la surprise de voir Rémi, que je croyais déjà loin, surgir à nouveau, le buste penché en avant et la tête rentrant légèrement dans les épaules, et se faufiler vers la classe de Petite Section devant laquelle l'enseignante lui adressait de grands gestes de la main.

« Je crois que Rémi est totalement surmené, tu sais » ai-je affirmé à mon mari le soir même, lui confirmant mon diagnostic de la veille.


J'en voulais pour preuve le fait que Rémi, à l'école, quelques heures plus tôt, avait failli repartir avec ses deux aînés en oubliant son petit dernier.

Le travail c'est la santé...


11 commentaires:

  1. Moi aussi ça m'est arrivé. Mais pas le petit dernier, le cinquième (le dernier était dans la poussette, bien incapable d'en sortir). J'avais déjà parcouru 50 mètres quand je me tourne sur le côté gauche de la poussette, étonnée de ce que Ambroise ne hurle pas comme à son habitude : pas d'Ambroise.
    "On retourne à l'école, j'ai oublié Ambroise". Vu les têtes et les yeux furibonds des mamans très bien (elles), je pense que j'ai dû faire la gazette de bon nombre de dîners familiaux ce soir-là !!!
    J'ai donc de la compassion pour Rémi. Tu pourrais lui suggérer à lui aussi une cure de magnésium...

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    1. Bon tu me rassures Alphonsine, si un jour cela m'arrive je me dirai que nul n'est à l'abri, pas même les meilleurs. Pour le magnesium, je le dirai plutôt à sa femme, je crains qu'il n'oublie de prendre son comprimé...

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  2. Ahah, excellent, j'ai bien ri ma chère Albane ! Pauvre Rémi, à la fois trop de travail... et trop d'enfants (au moins un de trop apparemment) ?!

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    1. Moi aussi j'en ai un de trop... on en a toujours un de trop... Bon, il me semblait pourtant qu'il m'en manquait un. J'y comprends plus rien...

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    2. C'est compliqué tout ça... Mais en gros, l'essentiel, c'est qu'il en reste suffisamment !

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    3. L'essentiel c'est aussi qu'il soit rentré chez lui avec les trois. Madame aurait peut-être fait une drôle de tête...

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  3. Enfin un nouvel article ! Pauvre, pauvre Rémi, vivement la retraite !

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    1. La retraite, vu comme c'est parti, ce sont ses enfants qui vont la lui payer, alors il aurait intérêt à ne pas les perdre en route (conseil d'amie)

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  4. Super ton nouveau chez toi !!!
    PAuvre Rémi ... mais moi j'ai été souvent surmenée alors (mère indigne) . L'oubli mémorable étant celui que j'ai commis le jour de la naissance de N°4 : à midi, je suis allée chercher L'ainé à la primaire, la seconde en maternelle porte A et je suis repartie... ne me rendant compte qu'après deux kilomètres que j'avais oublié le N°3 porte B ... il avait 3 ans. Pauvre petit chou.
    Le soir même je suis partie accoucher ... la maitresse a du se dire que celui çi ferait mieux des rester là ou il était !

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  5. Le burn out, enfin un témoignage lucide.

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