dimanche 3 juin 2012

Félicitations

  Quand vous avez la joie d'attendre un enfant, il vous faut penser à l'annoncer à votre entourage. La tâche se révèle le plus souvent fort agréable, assortie de félicitations chaleureuses, mais il arrive de temps en temps que vos proches se montrent plus surprenants dans leurs réactions.

  Le phénomène peut se produire dès le premier enfant. Mon mari se souvient d'un « Déjà ? » très étonné et légèrement réprobateur de la part d'un membre de sa famille, quant à moi, je n'oublierai pas cet ami qui, ne sachant sans doute pas très bien quels mots choisir en la circonstance, me gratifia de cette réflexion pour le moins déconcertante :

- Alors, il paraît que tu as un truc dans le ventre ?

  Je me souviens également d'une collègue qui me demanda avec tact si l'arrivée de cet enfant était tout à fait prévue (question qui, d'ailleurs, revient régulièrement naissance après naissance).

  Vous pourriez penser que votre entourage, une fois habitué à l'idée de vous savoir déjà parents, ne s'étonnera plus d'une nouvelle annonce de ce type pour un deuxième enfant, ni pour les suivants. Mais la réalité est en général plus complexe. D'ailleurs, pour se prémunir contre certaines réactions, il peut être judicieux de transmettre l'information par écrit. Mais ce n'est pas toujours possible. Par exemple, lorsque nous attendions notre deuxième enfant, l'aîné n'ayant pas encore un an, une voisine, qui s'intéressait très gentiment à ce dernier qu'elle avait d'ailleurs gâté généreusement à sa naissance, s'est avisée d'en demander des nouvelles à mon mari qu'elle croisait dans la cage d'escalier.

- Comment va le petit bébé ?

- Il va très bien, merci, d'ailleurs nous attendons un deuxième enfant, c'est une très bonne nouvelle.

  Notez qu'il n'est pas inutile de faire entendre à vos interlocuteurs que vous êtes le premier à vous réjouir, mais gardez-vous de croire que cela soit toujours suffisant pour leur faire comprendre quel ton donner à leur réponse. En l'occurrence, notre voisine prit soudainement un air distant et froid pour répliquer :

- Oh, mais ça va forcément créer des problèmes.

  J'ajoute pour être juste qu'elle ne manqua pas pour autant de gâter notre deuxième enfant et de se montrer, une fois cette réflexion faite, aussi gentille qu'auparavant.

  Dans le même genre, c'est une collègue de mon mari qui, alors que nous attendions notre troisième enfant, ce qu'elle ignorait encore, est venue lui demander, tout sourire et très aimable, comment se portaient les deux aînés. Mon mari en profita pour lui annoncer le prochain agrandissement de la famille et eut la surprise de voir son sourire se figer sur ses traits, tandis qu'elle reculait sans voix comme abasourdie et terrifiée par cette nouvelle inattendue.

  Car il faut savoir que vous trouverez autour de vous, surtout si vous avez déjà un certain nombre d'enfants, une quantité importante de personnes pour vous dispenser des conseils avisés sur les limites qu'il convient à donner à la taille de sa famille - Monsieur Bilermal par exemple. Début janvier, un collègue de mon mari lui a adressé ses vœux pour 2012 :

- Meilleurs vœux, et surtout ne fais pas le c**, ne nous fais pas de quatrième enfant cette année !

  Il ne le savait pas, mais le quatrième enfant s'était déjà annoncé.

  Deux semaines plus tard, au cours d'un déplacement professionnel, un autre de ses collègues déclare à mon mari, d'un air sentencieux, avec un fort accent belge :

- Deux enfants, c'est bien. Trois enfants, c'est bien aussi. Mais quatre, non, ce n'est pas possible, quatre.

  Puis, après une seconde d'hésitation :

- Tu n'en veux pas un quatrième, dis-moi ?

  La palme revient sans doute à une autre collègue de mon mari, qui, alors que notre troisième enfant n'avait pas encore quatre mois, l'a interrogé avec ce que d'aucuns auraient qualifié de léger soupçon d'aigreur dans la voix :

- Tiens, tu es en retard, tu ne nous a pas encore annoncé que ta femme est enceinte ?

  Certains ont aussi le chic pour vous adresser des félicitations en demi-teinte dont vous ne savez trop que penser. Dernièrement la maman de Jeanne m'a tenu les propos suivants :

- Mon mari m'a dit : « Tu sais, Albane attend un quatrième enfant. Mais je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle ». Je lui ai répondu : « Mais si, bien-sûr, c'est une bonne nouvelle ! ».

  Avant de rajouter sur le ton de la confidence :

- En fait, je crois qu'il avait peur que cela me donne des idées.

  Mais je suis sure que nombre d'entre vous, chers lecteurs, en particulier ceux qui ont déjà des enfants, auront d'autres réactions insolites à ajouter à ce florilège – et je suis impatiente de les lire...

11 commentaires:

  1. Je compâtis pleinement. Surtout que cela ne s'arrête pas une fois le bébé sorti. Du côté de ma BM, mes deux derniers sont inexistants, parce que deux, ça suffit (tiens, tiens comme c'est bizarre, elle a eu deux enfants, elle). Donc, on ne vient pas les voir, on ne les prend pas dans les bras, on ne les regarde pas et d'ailleurs, leur mère ne les as pas portés, elle n'était pas enceinte, la mère non plus n'existe pas. Et fifils ? Il les a eu comment ses mouflets ? Et pour l'annonce, j'ai eu droit à "t'es complètement tarée !", "c'est un accident ?". Quand on aime, on ne compte pas...

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  2. "Ah ! mince ! et tu vas le garder du coup ??" Phrase auquel a eu droit ma petite maman lorsqu'elle avait annoncé a ses collegues qu'elle m'attendait, petit n°4... Tellement chaleureux et sympathique !! n'est ce pas ? Personnelement je trouve ca merveilleux ! si je peux faire aussi bien, je n'hesiterais pas !

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  3. Ma réflexion totalement spontanée : Quel bonheur !!! Voilà une excellente nouvelle ! Les réflexions que j'ai entendues : - pour la 3ème : Mais pourquoi veux-tu encore un enfant, tu as déjà une fille et un garçon. (C'est une réflexion de gens qui aiment la parité) - pour le 4ème : "Mais après ça vous arrêtez" (j'ai aimé le "ça". J'ai coupé court en répondant : après ça, mon mari et moi prendrons rendez-vous avec vous pour en discuter) - pour le 5ème : Il existe des moyens de contraception. - pour le 6ème : tu devrais faire des tests, tu ne vas quand même pas le garder s'il est anormal. - pour tous : "Moi, je n'en ai que deux parce que..." (sauf que ça m'est égal, chacun fait comme il veut) Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ta famille !

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  4. D'où l'intérêt de dissimuler consciencieusement la naissance de ses enfants, passée celle du premier (il y a une tolérance sociale pour le premier). Décidément, Cloclo était vraiment un génie !

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  5. Ne pas perdre de vue qu'avoir un enfant est un privilège au regard de ceux qui ne peuvent en avoir. Félicitations Albane ! Hier, véridique, justement, mes 3 enfants me demandaient si on aurait le 4ème...

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  6. A quand la création d'un office de régulation des naissances grâce à un bon vieux référendum ?

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  7. je pense que ce qui m'a le plus blessé c'est ma belle-mère qui à l'annonce du n°4 "ENCORE!!". heureusement qu'on n'a pas prévu de 5ème je ne sais pas comment elle l'aura accueilli.

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  8. ET BIEN BRAVO! je félicite Albane et son mari, et suis plus que ravie!

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  9. moi c'est plutôt "bon tu te décides quand à faire un enfant ? parce que t'es plus toute jeune" .. c'est rai à 31 ans je ne suis plus bonne à rien lol

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  10. Pff de toute façon il faut toujours que les gens y aillent de leurs commentaires. Si tu te maries jeune/ ou que tu as un premier enfant jeune : "Quoi, déjà ? Mais vous ne vous connaissez pas depuis longtemps si ?" Si tu attends pour te marier/pour avoir le premier bébé : " Et alors, c'est pour quand le mariage/le bébé ?" Si tu as des jumeaux : "Vous avez fait une FIV, non ?" Si tu es enceinte après 35 ans : voir réflexion ci-dessus Etc, etc, etc... C'est fatigant, mais l'essentiel est de rester fidèle à ses valeurs à soi, et en ce à quoi on croit ! Des bises, et felicitations :-)

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  11. Merci pour les compliments, chère Clé ! Je suis un peu atterrée par la réflexion de la future grand-mère... Comment on dit déjà : tourner sa langue sept fois dans sa bouche ?

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