lundi 25 juin 2012

La fête de l'école

  Après la fête des parents, a eu lieu samedi dernier la très attendue fête de l'école. La cour de l'établissement avait été entièrement transformée pour l'occasion, un grand podium dressé en son milieu, une buvette installée ainsi que de longues tablées couvertes de nappes en papier, sans oublier les jeux pour enfants : pêche au canard, chamboultou et autres attractions, et parmi elles les deux magnifiques châteaux gonflables.

  Depuis plus d'un mois les écoliers ont répété assidument la chorégraphie proposée en guise de spectacle de fin d'année. Des heures d'entraînement dans la salle de sport, des costumes, une répétition générale sur le podium, et enfin, samedi, le grand jour.

  Nous sommes arrivés à midi pour déjeuner sur place. Toutes les tables étant déjà prises, nous nous sommes assis sur les marches où nous avons dégusté coca, frites et hot-dogs – à la santé du Docteur glucose. Les parents de Jeanne se tenaient au même endroit avec leurs filles. Le papa de Jeanne s'est mis à raconter son tout récent voyage professionnel en Chine.

- Mon correspondant chinois, qui a eu le rare privilège d'avoir deux enfants, m'a expliqué quel parcours du combattant il a fourni pour en obtenir l'autorisation : il a dû constituer un dossier, prouver que sa femme et lui étaient eux-mêmes enfants uniques, qu'ils avaient les moyens d'éduquer leurs enfants et de leur faire faire des études supérieures, et en outre il a dû laisser un intervalle de cinq ans entre les deux. Quand je lui dis qu'autour de nous des gens attendent leur quatrième enfant, que j'ai un frère qui en a dix, il n'en revient pas.

  Splash... Notre deuxième fils vient de renverser son verre de jus d'orange sur mon gilet blanc et se met à fondre en larmes. Nous avons au moins la chance ici de ne pas avoir à demander la permission à quiconque avant d'avoir un nouvel enfant.

- Il m'a emmené dans un parc à Pékin, c'était la première fois que son fils de sept ans faisait du toboggan... Chaque week-end ses parents le font travailler pour combler ses lacunes, et le reste du temps il apprend le piano.

  Il est heureux que Jeanne ne soit pas élevée en Chine. Là-bas, il n'y a sans doute pas de place pour les suiveurs. A côté les enfants, ayant terminé leur barquette de frites, montent et descendent les marches en courant. Le papa de Jeanne continue la conversation avec mon mari, sa femme se tourne vers moi, en déclarant, avec, comme toujours, les meilleures intentions du monde, en me proposant une part de gâteau :

- Quand j'ai su que tu attendais un quatrième enfant, j'ai été vraiment admirative. Surtout le fait de s'en occuper soi-même à la maison, je crois que, moi, je n'aurais pas la patience.

  Cela fait au moins vingt-cinq fois que la maman de Jeanne me fait de telles confidences.

- Ce qui doit être difficile, surtout, c'est de ne pas exister pour soi. Bien-sûr quand je suis à la maison je m'occupe des filles, je n'existe pas pour moi, mais quand je travaille, tu vois, j'existe pour moi...

  Chacun a le droit de faire ce qui lui plait et de penser ce qu'il veut, mais il y a des choses qu'il n'est pas interdit de garder pour soi.

  J'oriente la conversation sur le prochain déménagement des parents de Jeanne dans le quartier voisin.

- Oui, nous sommes en plein dans les cartons, de plus, professionnellement, à la bibliothèque nationale, on termine la mise à jour du catalogue, cela fait énormément de travail, c'est très éprouvant.

  L'heure arrive où les premières classes vont se produire sur le podium. Deux élégants présentateurs animent un quizz musical et annoncent les grands gagnants de la tombola tandis que les parents se pressent autour de la scène en dégainant leurs appareils photo et caméscopes. Enfin, les élèves de petite section montent sur scène, le spectacle peut commencer. Il y a de quoi pour chaque parent s'attendrir en admirant son enfant s'appliquer – plus ou moins –, à reproduire – à temps ou à contre-temps – les gestes que la maîtresse effectue au même moment au bas du podium. Mais, il faut le reconnaître, l'ensemble est assez nettement désorganisé. Un mois de répétitions acharnées pour un tel résultat, les présentateurs n'ont pas tort de saluer l'abnégation des enseignantes. La chorégraphie des moyenne section, si elle est un peu plus soignée, reste toutefois assez brouillonne également. Mais les enfants saluent leur public, ravis de leur prestation, et nous, parents, applaudissons de bon cœur.

  Depuis une année qu'ils en rêvent, nous offrons à nos enfants quelques parties de pêche au canard, ainsi que cinq minutes dans le château gonflable dressé en face du podium. Tout le monde est fou de joie... ou presque, car mon mari se fait réquisitionner par Xavier, grand responsable de la « Commission jeux de la fête de l'école », et spécialement tracassé par cette responsabilité, pour tenir la permanence du stand de pêche au canard.

  Il est temps pour les enfants d'aller choisir un lot en échange des bons gagnés à ce dernier stand. Et c'est ainsi que nous quittons, un peu fatigués, la fête de l'école qui continue à battre son plein, avec, pour les enfants, un ensemble de petites voitures made in china et des souvenirs émerveillés, et pour moi, un léger coup de soleil : plus que jamais nous sentons la fin de l'année scolaire approcher. J'imagine que c'est ainsi que, année après année, fête après fête, les enfants qui dansaient déguisés sur une musique de film Disney se retrouvent en train de passer leur bac...

  Mais chaque chose en son temps.

6 commentaires:

  1. La fête de l'école e eu lieu vendredi soir pour nous. Ouf, un an tranquilles.

    RépondreSupprimer
  2. Très charmant article !

    RépondreSupprimer
  3. Si je me réincarne, je veux absolument que ce soit en maman de plein d'enfants. Le reste est moins important.

    RépondreSupprimer
  4. La maman de Jeanne n'est pas honnête : lorsqu'elle travaille, elle n'existe pas pour elle, mais pour son employeur...

    RépondreSupprimer
  5. Pour rebondir sur ce que dit Alphonsine, la maman de Jeanne existe beaucoup pour son employeur et un peu pour elle au travail mais nous avons fait le choix d'exister aussi pour nous et pour nos enfants en travaillant à la maison. A chaque fois l'intérêt est partagé par les deux parties. Quand c'est notre choix, les situations sont tout à fait semblables. Dans le cas contraire, c'est moins évident.

    RépondreSupprimer
  6. <a href="http://29 juin 2012 à 17:12

    Pour être heureux !

    RépondreSupprimer

Banal ou pas, laissez un commentaire !